Le jour où j’ai cracké Platon…
Non, c’est pas tellement une blague… En fait oui, je parle bien du Platon de Platon, le gars des Platoniciens, avec sa robe et sa barbe blanche. Non je n’ai pas de problème avec ça… pourquoi ?
Voilà : Platon, c’est fun. C’est un Gibson de la philo, nous sommes d’accord. C’est le boss de fin de niveaux dans l’histoire culturelle du Moyen-Âge, okay… Mais franchement, ce type n’a pas inventé le fil à couper le beurre. Je ne sais même pas si les Grecs anciens avaient du beurre.
Pourquoi je dis ça, pasque c’en est venu à me les briser menues, ce Platon. Alors sur un coup de tête (et d’intérêt manifeste, j’avoue sans honte) (enfin si, avec un peu de honte), j’ai pris un Platon que j’avais dans ma tanière, et j’ai ouvert, et j’ai lu. Je suis tombé à la page 182 du Gorgias, dans mon édition Flammarion, 1987/1993 . Bien. Et j’ai lu… Et ça m’a paru… comment dire… très basique. Toute cette bonne vieille histoire de logique. Evidemment que c’est logique ! Mais dans ma longue croisade d’anticartésianismonisme, je me devais de chercher à déboulonner le grand’père Platon. Par pour lui. J’ai lu pas mal de trucs de lui que j’ai appréciés. Mais contre la logique. Alors c’était un accès d’illogisme.
Donc vlà, en digeste, un extrait du Gorgias :
question
Socrate : le coupable sera-t-il heureux d’être puni, de payer sa faute et de recevoir son châtiment ?
Thèse 1
Socrate : quand on agit mal et qu’on est coupable, on est malheureux de toute façon
Thèse 2
Mais on est encore plus malheureux si, bien qu’on soit coupable, on est ni puni ni châtié par la justice des dieux ou par celle des hommes.
Thèse 1
Socrate : commettre l’injuste est pire [plus mauvais] que la souffrir.
Antithèse 1
Polos : subir l’injustice est pire [plus mauvais] que la commettre
Prémisses
Socrate : quelle chose est pire [plus mauvais], commettre l’injustice ou la subir ?
Polos : subir
Socrate : et qu’est-ce qui est plus vilain ? Subir l’injustice ou la commettre ?
Polos : commettre
Socrate : c’est donc pire [plus mauvais] aussi, si c’est plus vilain ?
Polos : pas du tout.
définition
Socrate : le beau est composé de l’utile et de l’agréable (plaisir)
Socrate : dans ce cas, on va se servir du contraire pour définir le vilain (laid) : il donne de la douleur et il est mauvais (néfaste, contre l’utilité)
Socrate : donc, de deux choses laides, l’une est plus laide que l’autre si elle est plus douloureuse ou plus mauvaise.
Polos : oui
Confrontation des prémisses
Socrate : Que disait-on tout à l’heure ? Ne disais-tu pas que commettre l’injustice est plus laid et que la subir est plus mauvais ?
Polos : oui
Socrate : si commettre l’injustice est plus vilain que la subir, en quoi est-ce plus vilain ?
parce que c’est plus douloureux ? en ce cas c’est la douleur qui l’emporte
parce que c’est plus mauvais ?
ou pour les deux à la fois ?
Socrate : est-ce à cause de la douleur éprouvée que commettre l’injustice est plus vilain que la subir ?
Polos : non
Socrate : donc c’est plus vilain parce que c’est plus mauvais ?
Polos : oui
conclusion
Socrate : or tout à l’heure, n’étions-nous pas d’accord pour dire que commettre est plus vilain que subir ?
Polos : oui
Socrate : mais maintenant, commettre l’injustice a l’air d’être plus mauvais que la subir
Polos : oui
Socrate : préférerais-tu une chose plus mauvaise et plus vilaine à une chose qui l’est moins ?
Polos : le moins mauvais
Socrate : Y a-t-il un autre homme qui préférerais le plus mauvais ?
Polos : à mon avis non. Pas si on s’en tient à ce raisonnement.
[définition : plus laid <=> plus mauvais
et/ou plus douloureux
donc le laid contient le mauvais et le douloureux ;
Polos :
Commettre est ‘plus laid’
subir est ‘plus mauvais’ et ‘plus douloureux’,
=> subir est nécessairement ‘plus laid’
OR, pour Polos, commettre est ‘plus laid’
Donc Polos doit avoir tort…
Socrate :
commettre est ‘plus vilain’
subir est ‘plus douloureux’
=> commettre est nécessairement ‘plus mauvais’
donc Socrate doit avoir raison
MAIS
Cela tient à la définition du laid et du mauvais. En effet, selon la définition de Socrate, le laid contient le mauvais et le douloureux. Or, le mauvais est le néfaste, contraire de l’utilité. Et le laid est le vilain.
On devrait plutôt s’attendre à ce que les termes dans lesquels Polos entend le discours, bien qu’il ait accepté la définition de Socrate, soient différents : le mauvais est le laid, et le vilain est le néfaste, le méchant, contraire à l’utilité.
Dans ce cas, c’est le mauvais qui contient le vilain et le douloureux.
plus mauvais (pire), plus laid <=> plus vilain
et/ou plus douloureux
il en résulte que subir est ‘plus douloureux’, commettre ‘plus vilain’, et en pondérant, à savoir que l’homme a plus peur du douloureux que du vilain, on obtiendrait bien que subir est ‘plus mauvais (pire)’ que commettre]
La thèse 2 et sa conclusion sont plus facilement déboulonnables, parce qu’il y a un très gros problème de prémisses :
* on pense souvent être injustement châtié, en qualité ou en quantité, donc ‘être puni’ et ‘être justement châtié’ ne sont pas la même chose
* une action n’a pas forcément de patient (par exemple dans les verbes intransitifs)
* une action ne prête pas ses caractéristiques à l’effet produit (par exemple, essayons de frapper dans l’eau)
+ qu’on brûle une paille avec une allumette ou un lance-flamme, la paille sera brûlée
puis : Socrate : 1 être puni consiste à subir
2 l’homme qui châtie bien, punit de façon juste
3 le juste est toujours beau
4 une action donne son caractère à son effet
conclusion : subir le châtiment est quelque chose de beau
Or :
1 : irréfutable
2 : le juste n’est pas une valeur fixe, ce qui est juste pour le juge ne l’est pas forcément pour le condamné ; même la loi, qui est une valeur fixe, n’est pas ressentie par tous comme s’appliquant à eux, ou comme juste
3 : le juste n’est pas toujours beau ; la justice et la beauté sont deux notions subjectives ; certains ne veulent pas la justice, ou considèrent que la justice n’est pas extrinsèque mais intrinsèque à leurs actes
4 : une action ne donne pas son caractère à son effet
ET TOUT CA POUR DIRE QUOI ?
Je m’en CONTRECOGNE qu’on dise que Platon c’est un serial-killer, que je n’ai aucun droit intellectuel de même penser à discuter sa logique, que Alice Cooper lui-même s’est fait couler un buste de Platon dans son salon (non c’est pas vrai, enfin ! !).
Pour tout dire, je m’en contrecogne même que ma lecture du Gorgias soit fine ou pas, juste ou pas.
Je veux juste dire qu’on DOIT discuter Platon. Comme tout. Ce bon vieux Alain, vous vous souvenez ? « Penser c’est dire non ».
Tout ça pour dire que les syllogismes, c’est FRANCHEMENT un outil basique et dérisoire, qui ne sert pas à grand’chose. Par exemple, cette bonne vieille logique du cheval borgne n’a jamais empêché personne de se rendre compte que l’une des prémisses était fausse, puisque ce qui est rare n’EST PAS cher, pour la bonne et simple raison qu’un cheval borgne n’EST PAS cher. Cqfd. Mais même plus loin : la logique du paradoxe de Zénon. Voilà déjà un gusse que j’apprécie plus. Vous savez, ce paradoxe de la flèche qui doit franchir la moitié de la distance à parcourir avant d’atteindre la cible, et son quart avant cela, et son huitième, et son seizième, etc.. Tellement connu que même Kid Paddle l’a repris, ce dont on le remercie. Le plus intéressant dans l’histoire, c’est bien que l’archer, après avoir bavé comme un con devant le discours de Zénon, ait haussé les épaules et ait tiré sa flèche dans la cible, sans se soucier du paradoxe. Alors que ce paradoxe est aujourd’hui facilement contourné : il suffit de penser que la distance à parcourir atteint bientôt (epsilon), que c’est une distance qui tend vers l’infiniment petit et qu’elle est par conséquent négligeable, et qu’elle est ainsi parcourue de toute manière, et son double après elle, et son quadruple, et son octuple, etc. etc.. C’est comme ça que la physique se débarrasse en pissant de bonheur des casse-crâne mathématiques.
ET TOUT CA POUR DIRE QUOI, DEL DE MERDE ?
Pour citer Romain Sardou, et son Eclat de Dieu, publié fin 2004. C’est un livre horrible à lire, un concentré de crétinerie dans le domaine de l’écriture, le style est titubant, la dose SF pitoyable, les références historiques frisant la stupidité clinique, le scénario passable, et les digressions minables. Cependant, j’y ai lu l’autre soir un passage assez puissant :
Les Grecs n’ont fait qu’une seule découverte, ma petite : c’était que l’homme prenait plaisir à penser. Tout part de là. Naturellement la raison grecque a suggéré aux hommes : vous pouvez tout comprendre. Elle nous a inoculé l’idée que, en puissance, il n’est pas d’énigme sur cette terre qui n’ait quelque part sa solution. A l’évidence, c’est flatteur, cela encourage à raisonner, mais c’est totalement faux ; l’homme ne peut pas tout comprendre. Le comble est que certains philosophes de cette période ont tôt perçu cette évidence. Mais ce n’est pas ce que les siècles futurs ont décidé de retenir de l’aventure grecque. Ils ont gardé la pensée sans la sagesse.
…Et d’enchaîner sur Zénon.
Ca m’a paru tellement pertinent que je suis persuadé que ce n’est pas de lui. De qui que c’est, j’aimerais bien le savoir.
Un jour, promis, je lirai Le Monde de Sophie.
Voilà : Platon, c’est fun. C’est un Gibson de la philo, nous sommes d’accord. C’est le boss de fin de niveaux dans l’histoire culturelle du Moyen-Âge, okay… Mais franchement, ce type n’a pas inventé le fil à couper le beurre. Je ne sais même pas si les Grecs anciens avaient du beurre.
Pourquoi je dis ça, pasque c’en est venu à me les briser menues, ce Platon. Alors sur un coup de tête (et d’intérêt manifeste, j’avoue sans honte) (enfin si, avec un peu de honte), j’ai pris un Platon que j’avais dans ma tanière, et j’ai ouvert, et j’ai lu. Je suis tombé à la page 182 du Gorgias, dans mon édition Flammarion, 1987/1993 . Bien. Et j’ai lu… Et ça m’a paru… comment dire… très basique. Toute cette bonne vieille histoire de logique. Evidemment que c’est logique ! Mais dans ma longue croisade d’anticartésianismonisme, je me devais de chercher à déboulonner le grand’père Platon. Par pour lui. J’ai lu pas mal de trucs de lui que j’ai appréciés. Mais contre la logique. Alors c’était un accès d’illogisme.
Donc vlà, en digeste, un extrait du Gorgias :
question
Socrate : le coupable sera-t-il heureux d’être puni, de payer sa faute et de recevoir son châtiment ?
Thèse 1
Socrate : quand on agit mal et qu’on est coupable, on est malheureux de toute façon
Thèse 2
Mais on est encore plus malheureux si, bien qu’on soit coupable, on est ni puni ni châtié par la justice des dieux ou par celle des hommes.
Thèse 1
Socrate : commettre l’injuste est pire [plus mauvais] que la souffrir.
Antithèse 1
Polos : subir l’injustice est pire [plus mauvais] que la commettre
Prémisses
Socrate : quelle chose est pire [plus mauvais], commettre l’injustice ou la subir ?
Polos : subir
Socrate : et qu’est-ce qui est plus vilain ? Subir l’injustice ou la commettre ?
Polos : commettre
Socrate : c’est donc pire [plus mauvais] aussi, si c’est plus vilain ?
Polos : pas du tout.
définition
Socrate : le beau est composé de l’utile et de l’agréable (plaisir)
Socrate : dans ce cas, on va se servir du contraire pour définir le vilain (laid) : il donne de la douleur et il est mauvais (néfaste, contre l’utilité)
Socrate : donc, de deux choses laides, l’une est plus laide que l’autre si elle est plus douloureuse ou plus mauvaise.
Polos : oui
Confrontation des prémisses
Socrate : Que disait-on tout à l’heure ? Ne disais-tu pas que commettre l’injustice est plus laid et que la subir est plus mauvais ?
Polos : oui
Socrate : si commettre l’injustice est plus vilain que la subir, en quoi est-ce plus vilain ?
parce que c’est plus douloureux ? en ce cas c’est la douleur qui l’emporte
parce que c’est plus mauvais ?
ou pour les deux à la fois ?
Socrate : est-ce à cause de la douleur éprouvée que commettre l’injustice est plus vilain que la subir ?
Polos : non
Socrate : donc c’est plus vilain parce que c’est plus mauvais ?
Polos : oui
conclusion
Socrate : or tout à l’heure, n’étions-nous pas d’accord pour dire que commettre est plus vilain que subir ?
Polos : oui
Socrate : mais maintenant, commettre l’injustice a l’air d’être plus mauvais que la subir
Polos : oui
Socrate : préférerais-tu une chose plus mauvaise et plus vilaine à une chose qui l’est moins ?
Polos : le moins mauvais
Socrate : Y a-t-il un autre homme qui préférerais le plus mauvais ?
Polos : à mon avis non. Pas si on s’en tient à ce raisonnement.
[définition : plus laid <=> plus mauvais
et/ou plus douloureux
donc le laid contient le mauvais et le douloureux ;
Polos :
Commettre est ‘plus laid’
subir est ‘plus mauvais’ et ‘plus douloureux’,
=> subir est nécessairement ‘plus laid’
OR, pour Polos, commettre est ‘plus laid’
Donc Polos doit avoir tort…
Socrate :
commettre est ‘plus vilain’
subir est ‘plus douloureux’
=> commettre est nécessairement ‘plus mauvais’
donc Socrate doit avoir raison
MAIS
Cela tient à la définition du laid et du mauvais. En effet, selon la définition de Socrate, le laid contient le mauvais et le douloureux. Or, le mauvais est le néfaste, contraire de l’utilité. Et le laid est le vilain.
On devrait plutôt s’attendre à ce que les termes dans lesquels Polos entend le discours, bien qu’il ait accepté la définition de Socrate, soient différents : le mauvais est le laid, et le vilain est le néfaste, le méchant, contraire à l’utilité.
Dans ce cas, c’est le mauvais qui contient le vilain et le douloureux.
plus mauvais (pire), plus laid <=> plus vilain
et/ou plus douloureux
il en résulte que subir est ‘plus douloureux’, commettre ‘plus vilain’, et en pondérant, à savoir que l’homme a plus peur du douloureux que du vilain, on obtiendrait bien que subir est ‘plus mauvais (pire)’ que commettre]
La thèse 2 et sa conclusion sont plus facilement déboulonnables, parce qu’il y a un très gros problème de prémisses :
* on pense souvent être injustement châtié, en qualité ou en quantité, donc ‘être puni’ et ‘être justement châtié’ ne sont pas la même chose
* une action n’a pas forcément de patient (par exemple dans les verbes intransitifs)
* une action ne prête pas ses caractéristiques à l’effet produit (par exemple, essayons de frapper dans l’eau)
+ qu’on brûle une paille avec une allumette ou un lance-flamme, la paille sera brûlée
puis : Socrate : 1 être puni consiste à subir
2 l’homme qui châtie bien, punit de façon juste
3 le juste est toujours beau
4 une action donne son caractère à son effet
conclusion : subir le châtiment est quelque chose de beau
Or :
1 : irréfutable
2 : le juste n’est pas une valeur fixe, ce qui est juste pour le juge ne l’est pas forcément pour le condamné ; même la loi, qui est une valeur fixe, n’est pas ressentie par tous comme s’appliquant à eux, ou comme juste
3 : le juste n’est pas toujours beau ; la justice et la beauté sont deux notions subjectives ; certains ne veulent pas la justice, ou considèrent que la justice n’est pas extrinsèque mais intrinsèque à leurs actes
4 : une action ne donne pas son caractère à son effet
ET TOUT CA POUR DIRE QUOI ?
Je m’en CONTRECOGNE qu’on dise que Platon c’est un serial-killer, que je n’ai aucun droit intellectuel de même penser à discuter sa logique, que Alice Cooper lui-même s’est fait couler un buste de Platon dans son salon (non c’est pas vrai, enfin ! !).
Pour tout dire, je m’en contrecogne même que ma lecture du Gorgias soit fine ou pas, juste ou pas.
Je veux juste dire qu’on DOIT discuter Platon. Comme tout. Ce bon vieux Alain, vous vous souvenez ? « Penser c’est dire non ».
Tout ça pour dire que les syllogismes, c’est FRANCHEMENT un outil basique et dérisoire, qui ne sert pas à grand’chose. Par exemple, cette bonne vieille logique du cheval borgne n’a jamais empêché personne de se rendre compte que l’une des prémisses était fausse, puisque ce qui est rare n’EST PAS cher, pour la bonne et simple raison qu’un cheval borgne n’EST PAS cher. Cqfd. Mais même plus loin : la logique du paradoxe de Zénon. Voilà déjà un gusse que j’apprécie plus. Vous savez, ce paradoxe de la flèche qui doit franchir la moitié de la distance à parcourir avant d’atteindre la cible, et son quart avant cela, et son huitième, et son seizième, etc.. Tellement connu que même Kid Paddle l’a repris, ce dont on le remercie. Le plus intéressant dans l’histoire, c’est bien que l’archer, après avoir bavé comme un con devant le discours de Zénon, ait haussé les épaules et ait tiré sa flèche dans la cible, sans se soucier du paradoxe. Alors que ce paradoxe est aujourd’hui facilement contourné : il suffit de penser que la distance à parcourir atteint bientôt (epsilon), que c’est une distance qui tend vers l’infiniment petit et qu’elle est par conséquent négligeable, et qu’elle est ainsi parcourue de toute manière, et son double après elle, et son quadruple, et son octuple, etc. etc.. C’est comme ça que la physique se débarrasse en pissant de bonheur des casse-crâne mathématiques.
ET TOUT CA POUR DIRE QUOI, DEL DE MERDE ?
Pour citer Romain Sardou, et son Eclat de Dieu, publié fin 2004. C’est un livre horrible à lire, un concentré de crétinerie dans le domaine de l’écriture, le style est titubant, la dose SF pitoyable, les références historiques frisant la stupidité clinique, le scénario passable, et les digressions minables. Cependant, j’y ai lu l’autre soir un passage assez puissant :
Les Grecs n’ont fait qu’une seule découverte, ma petite : c’était que l’homme prenait plaisir à penser. Tout part de là. Naturellement la raison grecque a suggéré aux hommes : vous pouvez tout comprendre. Elle nous a inoculé l’idée que, en puissance, il n’est pas d’énigme sur cette terre qui n’ait quelque part sa solution. A l’évidence, c’est flatteur, cela encourage à raisonner, mais c’est totalement faux ; l’homme ne peut pas tout comprendre. Le comble est que certains philosophes de cette période ont tôt perçu cette évidence. Mais ce n’est pas ce que les siècles futurs ont décidé de retenir de l’aventure grecque. Ils ont gardé la pensée sans la sagesse.
…Et d’enchaîner sur Zénon.
Ca m’a paru tellement pertinent que je suis persuadé que ce n’est pas de lui. De qui que c’est, j’aimerais bien le savoir.
Un jour, promis, je lirai Le Monde de Sophie.
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