lördag, augusti 05, 2006

Blogstalgicware

Un article de Slashdot relaie un article de GamersWithJobs par Cory Banks qui parle de nostalgicware (le nostalgicware c’est la discipline qui consiste à jouer à ou collectionner des jeux qui ne sont plus sur le marché, parce qu’ils sont trop vieux).

En résumé, l’article dit qu’il y a beaucoup de joueurs nostalgiques qui ne jurent que par leurs vieux jeux, avec le cliché « c’était bien mieux avant », et crachent sur les jeux du marché actuel comme ayant perdu l’« originalité » des anciens jeux, et disant que rien ne vaut les jeux d’avant. Mais le point de l’auteur consiste à dire que vraiment, les vieux jeux sont… vieux. Datés. Dépassés. Et qu’on va bien loin pour rejouer à des jeux qui en fait… sont injouables selon les standards d’aujourd’hui, ces standards étant fixés… par les joueurs. C’est-à-dire qu’on a beau dire « oâh ce jeu il était trop bien ! bien mieux que tout ce qu’on peut sortir aujourd’hui ! », on ne voudrait pas y jouer pour rien au monde, pasqu’on le trouverait débile, mal fait, pas assez maniable, pas assez profond, bien trop moche, la musique est minable, etc. etc..

Je trouve l’argument séduisant. C’est vrai qu’il y a de nombreuses occurrences où j’ai été très loin pour installer des vieux jeux que je gardais un jour ou deux avant de les effacer. Pasque le fun, il est vrai, c’est de retrouver une heure ou deux des images d’il y a longtemps.
Mais il y a quand même autchose. Cette autre chose, c’est qu’il y a vraiment des vieux jeux qui avaient quelque chose en plus, quelque chose qu’on ne retrouve pas dans les jeux actuels, même les suites ou les améliorations de ces mêmes jeux. Un bon exemple je trouve, c’est Civilization, de Sid Meier (un démi-dieu, ce type). Civilization était ULTRAMOCHE, avec des pixels gros comme le poing, des graphismes parfois douteux (la légion m’a toujours fait rire : un gros rond et un petit rond dessus, et une croix devant…) des animations minimalistes. Civilization III, auquel j’ai joué y’a pas longtemps, reprend tout le vieil appareil de Civilization, avec des graphismes bien jolis (je trouve… je suis un gamer facile), plus d’unités, plus d’options, plus de subtilités, plus de musiques et de sons… Par contre, il y perd de la balance. Parce que Civilization avait une structure diplomatique minimaliste : tôt ou tard, tout le monde déclarait la guerre au joueur. Civilization III essaie de ruser… et ça rate. Les nouvelles options rajoutent des couches et des couches de gameplay qui ne fonctionnent pas ensemble, qui alourdissent, ou qui font dérailler le good feeling global de la structure originelle. En fait, s’il n’y avait eu que de nouvelles unités, ou de nouveaux graphismes (auquel cas, de toute manière, le III aurait été un suicide commercial), le I aurait toujours été mieux parce qu’il vivait en son temps, qu’il a fondé un genre, une légende, et un standard, et qu’il correspond, en plus, à de nombreux souvenirs, ou plutôt, qu’il recrée une ambiance du passé. C’est-à-dire que pour qu’un jeu soit bien, il ne faut pas qu’un bon jeu.

Un autre bon exemple, c’est Master of Magic. A cette nuance près que MoM n’a pas, lui, de successeur direct. Ce Civilization fantasy avec licence des Forgotten Realms (le monde principal d’AD&D et de D&D) n’a jamais été égalé dans sa dimension de construction d’empire : bien sûr, il a eu une suite commercial, Master of Orion, qui a lui-même eu un successeur, Master of Orion II, qui ont tous les deux amélioré et étoffé le moteur du jeu. Mais MoM en tant que tel n’a jamais eu de successeur (à noter quand même les tentatives, comme Leylines). L’idée de mélanger le tactique (champs de bataille) et le stratégique (carte du monde) est reprise dans des jeux comme la série des Total War ou Knights of Honor (et beaucoup d’autres, sûrement), mais pas avec un moteur de constructeur d’empire (et un bon en plus). Ajoutez à cela des héros comme on en avait l’habitude dans Heroes of Might and Magic. D’ailleurs, Heroes of Might and Magic, comme d’ailleurs Lords of the Realm avaient un peu ce mélange constructeur/armées/héros, mais sans la dimension, la profondeur, le plaisir qu’on avait à jouer MoM. Et j’essaie d’être objectif.

Il y a bien sûr des genres où le neuf égale le mieux, mais je ne suis pas spécialiste de ceux-là : les FPS, par exemple, les simulations de combat, aussi… je ne jouerai sûrement plus jamais à Battle of Britain (Their Finest Hour… : le premier), Battlehawks 1942 ou JetFighter II