lördag, juni 30, 2007

Blogémaaa... Blogémaaaaa ! - Canet de bière

Viens de voir Ne le dis à personnE. Un film mémorable. Une oeuvre. C'appelle tellement d'intérêt, ce film-là, que je regrette de devoir le voir pendant la durée qu'il dure. Deux heures cinq à mon compteur. C'est tellement bien comme film que j'aurais envie de l'avoir vu, continuellement, pendant plusieurs heures. Parce que ça fait longtemps que j'ai pas vu de policier, de film à comprendre le scénario, de mystère qui éveille autant mon intérêt. Etre scotché à l'écran et aimer ça. Sans penser à autre chose, non, même pas les millions de pensées qui me fulgurent toujours dans l'esprit. Se vider dans un film. Pas absolument, jamais absolument, mais c'est la meilleure approximation de la plongée qui m'ait été donnée de vivre depuis un bon bout de temps. Se laisser intéresser; la merveille de suivre une histoire se dérouler langoureusement. Le plaisir intense comme du chocolat, c'est-à-dire assez pur pour ne pas s'enivrer, juste s'intéresser, se plonger, garder ses distances avec la folie parce que c'est un film, toujours. Un plaisir qui ne tente pas à la noyade. Un film. Un mystère.

Un scénario. Intelligent. Solide, massif. Crédible, mais pas vraiment énorme. Pas Usual Suspects. Un synopsis qui se rapproche de dizaines de petites productions télévisées genre vendredi soir sur la 2. Mais dérouler comme il faut, sans aucune précipitation, sans même cette facilité où tombent les films de nos jours : c'est-à-dire sans présentation lourdingue du cadre, sans explications importunes. Pas distiller les énigmes, non, pas de Columbo ici, seulement une choses simples, une loi du silence qui craque crédiblement sous le poids des ans. Juste, rentrer dans une vie et découvrir par soi-même, avec la patience d'un écolier qui retient un mot deux ou trois ans avant d'enfin apprendre ce qu'il signifie, sans se plaindre jamais, juste en se laissant prendre par le mystère d'un secret qui ne se dévoile pas facilement. Mériter son film. Oh ! je peux bien faire un minime reproche, c'est la séquence qui dévoile le rôle de Rochefort dans tout ça. Un peu trop tôt à mon goût, peut-être dix ou vingt minutes trop tôt, mais c'est sûrement le fruit d'un choix diffcile dans l'équilibre du film.

Des personnages. Tous connus, tous attachants, je veux dire qu'on s'y attache, c'est-à-dire qu'on se demande à se moment dans le film "et l'autre, où elle est là ? quesqu'elle sait ?". Ne pas se laisser imposer par la caméra de s'intéresser aux personnages secondaires. Se demander par soi-même, à contre-courant de la réalisation, quelle est leur place dans le puzzle, de quel côté ils sont. Un jeu juste. C'est-à-dire, pas de surprise dans les réactions. Une interprétation convaincante. Mais bon, ils sont tous dans leurs rôles fétiches. Berléand en vieux flic qui a raison, vieux fils à maman. Scott-Thomas en lesbienne bourgeoise et fidèle. Cluzet en homme inquiet et passionné, entre Dupontel et Auteuil exactement. Marchal en homme de main froid et efficace, avec cet air fin mais désabusé de soldati qu'il traîne partout où il joue. Rochefort en partiarche impassible. Canet en herbe folle, en jeune sauvage. Baye en femme forte, en maîtresse. Marina Hands en fille fragile (quoiqu'on ait pu la voir différemment dans Les invasions barbareS). Samir Guesmi dans son rôle de Qui perd gagnE. Il y a même quatre clins d'oeil : le père Canet joue le père de Cluzet, Harlan Coben, puisque c'est son roman, apparaît sur un quai, Alain Attal (producteur) fait un passager dans l'aéroport, et Philippe Lefebvre, coscénariste, joue un second rôle à part entière, le subordonné de Berléand. Et Marie-Josée Croze... Dites... Marie-Josée Croze. C'est pas comme ces actrices qu'on aime voir, c'est une actrice que... j'aime voir. Je sortais d'elle hier avec Mensonges, trahisons et plus si affinitéS, je la retrouve ce soir. Avec plaisir. Elle a ce visage qui rend subtiles ses expressions. C'est dans les angles aigus : les lèvres coupantes mais pas fines, les ailes du nez fines, elles, les yeux clairs jusqu'à être piquants, le menton pointu, les pommettes saillantes, l'orientation étrange de ses arcades. Et ses expressions de bouche, sa manière de toujours avoir un mouvement de lèvre ; le visage prêt au taquin voire leprechaun, le regard par en-dessous et le sourire moqueur, les dents blanches just'assez grandes pour donner un ptit coup de pouce au charme. Malheureusement sans trahir son accent (comme pour ce délicieux "médieucrithi" de Mensonges...). Avec beaucoup, beaucoup de plaisir.

Une musique. De M. Mais qui sélectionne. Qui deejeese. Une BO inoubliable avec un vaste espace de classiques, et quelques plages de méditations en guitare électrique. Ce son que Mr Chédid sort de ses cordes basses, ces crystaux de baryton qui rappellent à la fois la migraine et la crème ; juste ça, c'était déjà assez. La musique est plus présente que dans beaucoup de films qui tentent de jouer la carte du "oui y'a pas de musique mais c'est pour faire l'ambiance ; on dépouille asque c'est mode". Y'a même pas mal de musique.

Et de l'image. Des couchers de soleil sans filmer le soleil. Des plans intelligents, vivants, qui réveillent. Une nervosité de film d'espionnage, sans entrer dans le bateau du "je te montre pas". Ces moments de flottements, de nostalgie, de surimpression de mariage et d'enterrement, d'enfants, de bisou, de roseraie, cette puissance d'alcool blanc qu'il y a dans le malheur, et qui fait monter les sourires vagues. Et cette bizarrerie dans le film, en finale, cette figure mystique du cerf qui guide le personnage vers sa destination. Suivre le cerf. On se croirait en Irlande. Ou chez Miyazaki. Suivre le cerf.

Bref quoi, c'est comme si y'avait pas de place pour autre chose dans une soirée entière. Un bon film. Pas le meilleur, non, d'ailleurs il n'y a pas de meilleur. Mais un bon film. Un bon film.

Harlan Coben :


Alain Attal, le producteur, à gauche avec la barbe :


Et Marie-Josée Croze :

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