fredag, november 11, 2005

le blog n°47

(le 13 octobre)

J’ai découvert aujourd’hui sur la 47 que les bus sont encore à l’ancienne, avec des fenêtres coulissantes. Alors on peut avoir sa tête entière drapée dans le vent. Dans le bon air pollué de Paris.

Et puis je me suis assis, dans le 47. Contre la marche. J’avais ce vertige de voir la route, les plots, les îlots directionnels de la voie de bus fuir dans ma course, s’enfuir, se noyer dans l’espace intersidéral comme le chasseur Tie de Darth Vader.
Et puis j’ai vu les lumières, les lumières de Paris, la nuit, des Hommes en fait, de Londres aussi, de Bombay, de Shanghai, de Valparaiso, de Seattle, de JoBurg, et même une petite de Nouakchott, toutes en train de fuir à côté de moi. Elles passaient en courant devant le Café de la Gare, puis par la piscine du Premier, puis par l’Hôtel de Ville, elles se recueillaient à Notre-Dame (même celle de Nouakchott, et ça fait bizarre), puis à Saint-Séverin, se perdaient dans le cloître, et couraient bas, droit au Sud, dans l’enfer de Dante, les Arènes de Lutèce et le Pays des Gobelins.

Ca m’a fait... forte impression. Jusqu’à ce que j’apprenne, par l’affichette emprisonnée dans le plexi, que pour le confort des usagers, les bus de la 47 se font remplacer par des neufs. Avec des petites fenêtres étriquées et hautes perchées qui font penser aux réfugiés subsahariens qui passent les bras hors des bus.

Et ça m’a rendu triste. Tout. Les réfugiés, les fenêtres, Nouakchott et le chasseur Tie de Darth Vader.