Fable
Il était une fois...
...oui, st’une de ces histoires qui commencent par “il était une fois”...
Il était donc une fois une femme, qui faisait partie de ces gens ni jeunes ni jolis, et pauvre, qui travaillait à la plus grande pâtisserie des duchés.
On y fabriquait des gâteaux si bons qu’ils coûtaient une petite fortune, et qu’on venait de très loin pour en commander.
La pâtisserie était dirigée par un chef très-sévère et très-estimé.
Il y avait dans les duchés une fête très suivie. Et pendant cette fête, tout le monde buvait un peu et était guilleret.
Et bien, ce jour de fête-là, la femme se trouvait par hasard en compagnie du chef. Il avait bu, elle avait bu, et ils eurent une courte discussion, pendant laquelle elle avoua n’avoir jamais pu s’offrir des pâtisseries qu’elle aidait à fabriquer. Sur l’instant, le chef lui en tendit donc une et lui dit de la prendre. Elle rougit et répondit qu’elle n’osait pas, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait jamais la payer, que de tels délices étaient hors de sa portée. Il écarta l’argument d’un geste et lui dit que le gâteau lui serait donc offert.
Elle le prit, et le mangea, et le trouva la plus merveilleuse chose qui lui était arrivée, et, certainement, qui lui arriverait. Elle se lécha le bout des doigts, remercia profusément, et ils se séparèrent. Elle retourna chez elle rejoindre son mari, et ce fut une fête très joyeuse.
A la fin du mois, le trésorier ne lui donna pas sa paie. Elle s’en étonna et on lui répondit vertement que c’était elle qui devait de l’argent à ses employeurs, parce qu’elle devait payer la pâtisserie qu’elle s’était permise à la fête. Elle s’écria qu’on la lui avait offerte et fit appeler le chef. Celui-ci maintint, arguant qu’il est normal de payer le prix de ce que l’on a obtenu, et qu’elle était bien placée pour se rendre compte, elle, employée de la pâtisserie, du tort qu’elle avait causé à tous les autres employés ; et il lui intima même de travailler dur puisque ce qu’elle avait mangé coûtait extrêmement cher.
Elle fut effondrée. Vraiment.
Quand elle rentra chez elle et apprit la nouvelle à son mari, il la réprimanda durement et lui reprocha son action insensée, contre toute retenue et hors du sens commun, ayant soin de lui rappeler qu’elle avait plongé le foyer dans la détresse à cause de l’argent.
La femme était désespérée. Détruite.
Sa vie, qui reposait sur un équilibre subtil et précaire, s’était tout soudainement écroulée. Elle pleura souvent ces jours-là, jusqu’au moment où elle n’eut plus de larmes dans ses yeux, alors elle arrêta.
Elle était dans le jardin derrière sa maison quand un homme vint la trouver.
Un homme... ç’aurait pu être une femme. aussi.
Ils parlèrent longtemps. Sa voix à elle était grincheuse et exténuée, sa voix à lui était soyeuse et vibrante.
Elle parla amèrement du chef et de la pâtisserie, puis de son mari. Quand l’homme lui demanda ce qu’elle souhaiterait qu’il arrivât, elle répondit qu’elle souhaitait qu’ils vivent en Enfer pour qu’ils y apprennent, l’un l’honnêteté, l’autre la compassion. L’homme la reprit alors gentiment et lui dit que ce n’était pas leur malheur qu’elle voulait. Ce qu’elle recherchait, au fond, c’était la paix.
Et quand elle réalisa cela, une expression radieuse s’empara de tout son visage. Elle était soudain lumineuse. Elle rougit et dit qu’elle désirait ardemment, en effet, connaître la paix. Il lui sourit et la prit par les épaules.
Il l’emmena à un endroit où elle connut la paix, toujours ,et jamais plus elle ne pleura à cause du malheur. Quand elle repensait à cette histoire, elle était certes un peu distante, comme contrariée, mais c’était très rapide, comme un nuage qui marche très légèrement sur un beau soleil de printemps.
Elle ne le sut pas, mais le chef mourut peu après d’une maladie douloureuse, et fut enterré très-respectueusement.
Son mari finit sa vie dans la misère après avoir dilapidé une fortune héritée.
Mais, encore une fois, cela, elle ne le sut pas.
Elle, elle chantait.
...oui, st’une de ces histoires qui commencent par “il était une fois”...
Il était donc une fois une femme, qui faisait partie de ces gens ni jeunes ni jolis, et pauvre, qui travaillait à la plus grande pâtisserie des duchés.
On y fabriquait des gâteaux si bons qu’ils coûtaient une petite fortune, et qu’on venait de très loin pour en commander.
La pâtisserie était dirigée par un chef très-sévère et très-estimé.
Il y avait dans les duchés une fête très suivie. Et pendant cette fête, tout le monde buvait un peu et était guilleret.
Et bien, ce jour de fête-là, la femme se trouvait par hasard en compagnie du chef. Il avait bu, elle avait bu, et ils eurent une courte discussion, pendant laquelle elle avoua n’avoir jamais pu s’offrir des pâtisseries qu’elle aidait à fabriquer. Sur l’instant, le chef lui en tendit donc une et lui dit de la prendre. Elle rougit et répondit qu’elle n’osait pas, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait jamais la payer, que de tels délices étaient hors de sa portée. Il écarta l’argument d’un geste et lui dit que le gâteau lui serait donc offert.
Elle le prit, et le mangea, et le trouva la plus merveilleuse chose qui lui était arrivée, et, certainement, qui lui arriverait. Elle se lécha le bout des doigts, remercia profusément, et ils se séparèrent. Elle retourna chez elle rejoindre son mari, et ce fut une fête très joyeuse.
A la fin du mois, le trésorier ne lui donna pas sa paie. Elle s’en étonna et on lui répondit vertement que c’était elle qui devait de l’argent à ses employeurs, parce qu’elle devait payer la pâtisserie qu’elle s’était permise à la fête. Elle s’écria qu’on la lui avait offerte et fit appeler le chef. Celui-ci maintint, arguant qu’il est normal de payer le prix de ce que l’on a obtenu, et qu’elle était bien placée pour se rendre compte, elle, employée de la pâtisserie, du tort qu’elle avait causé à tous les autres employés ; et il lui intima même de travailler dur puisque ce qu’elle avait mangé coûtait extrêmement cher.
Elle fut effondrée. Vraiment.
Quand elle rentra chez elle et apprit la nouvelle à son mari, il la réprimanda durement et lui reprocha son action insensée, contre toute retenue et hors du sens commun, ayant soin de lui rappeler qu’elle avait plongé le foyer dans la détresse à cause de l’argent.
La femme était désespérée. Détruite.
Sa vie, qui reposait sur un équilibre subtil et précaire, s’était tout soudainement écroulée. Elle pleura souvent ces jours-là, jusqu’au moment où elle n’eut plus de larmes dans ses yeux, alors elle arrêta.
Elle était dans le jardin derrière sa maison quand un homme vint la trouver.
Un homme... ç’aurait pu être une femme. aussi.
Ils parlèrent longtemps. Sa voix à elle était grincheuse et exténuée, sa voix à lui était soyeuse et vibrante.
Elle parla amèrement du chef et de la pâtisserie, puis de son mari. Quand l’homme lui demanda ce qu’elle souhaiterait qu’il arrivât, elle répondit qu’elle souhaitait qu’ils vivent en Enfer pour qu’ils y apprennent, l’un l’honnêteté, l’autre la compassion. L’homme la reprit alors gentiment et lui dit que ce n’était pas leur malheur qu’elle voulait. Ce qu’elle recherchait, au fond, c’était la paix.
Et quand elle réalisa cela, une expression radieuse s’empara de tout son visage. Elle était soudain lumineuse. Elle rougit et dit qu’elle désirait ardemment, en effet, connaître la paix. Il lui sourit et la prit par les épaules.
Il l’emmena à un endroit où elle connut la paix, toujours ,et jamais plus elle ne pleura à cause du malheur. Quand elle repensait à cette histoire, elle était certes un peu distante, comme contrariée, mais c’était très rapide, comme un nuage qui marche très légèrement sur un beau soleil de printemps.
Elle ne le sut pas, mais le chef mourut peu après d’une maladie douloureuse, et fut enterré très-respectueusement.
Son mari finit sa vie dans la misère après avoir dilapidé une fortune héritée.
Mais, encore une fois, cela, elle ne le sut pas.
Elle, elle chantait.
6 Comments:
elle etait siiiiiiiiii naïve
Il y avait une fois une femme qui avait vécu tout ça, jusqu'à l'histoire de l'argent réclamé et de l'engueulade du mari. Cette femme ne se lamenta pas : elle comprit que son mari, incapable de la soutenir dans les épreuves, n'était pas fait pour elle et elle divorca. Elle comprit aussi qu'elle s'était fait avoir par le patron, engagea un avocat qui ne prenait pas cher et qui réclama les vidéos de surveillance : on constata que la femme avait raison et le patron, tort. Elle toucha son salaire et plein d'argent en dommages et intérêts. Grâce à cela, elle voulut payer son avocat, mais celui-ci refusa les sous. Il n'avait agit que par amour de la justice. Comprenant qu'elle tenait là un homme exceptionnel, elle l'épousa.
Et voilà comment retrouver la paix en faisant des choix judicieux au lieu d'attendre une intervention venant de nulle part.
Le monde est ce qu'on en fait...
nanou tu ne serais pas un peu naïve toi aussi, ce genre d'histoire n'hexiste que dans les contes de fées
Disons que Nanou est une fée, chez elle ça fonctionne ;^)
ouaaaaaaaaaaaaaaaah tu as de la chance nanou !!
Aaaaah... la justice...
La justice...
Mais l'embêtant ici, c'est que tout a été juste. Elle a vraiment consommé quelque chose qu'elle n'a pas payé, et qui était au-dessus de ses moyens. Qu'elle ait eu la promesse qu'elle ne paierait pas ou non, elle a vraiment obtenu quelque chose qui n'était pas pour elle.
Et elle a vraiment fait du tort à tous les employés de la pâtisserie, qui ont travaillé pour quelque chose qui n'aura pas été payé.
Et elle a vraiment fait du tort à son ménage, puisqu'elle l'a endetté alors qu'il avait peu de moyens.
Elle l'a vraiment fait. Qui a eu tort ? Le mari n'a pas eu tort si ce n'est qu'il a manqué de délicatesse : un tort pas bien lourd face à l'endettement du ménage. Et le chef a eu raison en ceci : il faut payer pour ce qu'on obtient. C'est toujours comme ça. C'est ça la justice.
Rien ne doit être exigé, conçu, ou considéré, comme naturellement offert. Toute joie est un bonus inespéré ; toute épreuve, le lot naturel et évident du vivant.
Rien n'est gratuit. Et surtout pas le bonheur. Alors quand 'il se trouve' qu'un avocat ne demande pas des sous, c'est un bonheur gratuit, pas payé, pas organisé, pas voulu. Et quand 'il se trouve' que c'est un homme merveilleux, la femme n'y est pour rien.
Et surtout, quand 'il se trouve' qu'il y a des possibilités de divorce, et 'il se trouve' qu'il y a des caméras de surveillance, et qu'en plus, 'il se trouve' que le tribunal donne raison au petit face au fort, alors là, non, ce n'est pas payer pour ce qu'on obtient, c'est une pluie de bénédictions, et on n'y est pour rien.
Mais d'ailleurs... "le monde est ce qu'on en fait"... ce n'est pas très vrai. Les épreuves sont ce qu'on en fait : des fois on passe le test, souvent on se casse la figure.
Le bonheur, lui, est souvent innattendu, et non payé : on doit toujours se préparer à ce qu'il nous soit retiré. Parce que c'est un bonus. Et surtout, surtout, ne pas se plaindre de ce qu'on nous l'a retiré, non : attendre le bonheur suivant.
En passant les épreuves.
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