les gens qui mangent tout seul dans les lieux publics
Il est là, avec son sandwich et son Tupperware de salade dans le RER ou sur un banc dans la rue, ou alors attablé à ces tables toutes hautes qui font face à la rue, le nez dans la verrière, au Quick ou au MacDo. Il mange, et il est seul.
j'ai toujours été... tellement... illégitimement... touché... apitoyé... meurtri, par la solitude, l'intimité, la vulnérabilité, la plus dépouillée des simplicités de ces gens qui mangent tout seul. Je les vois différemment de ce qu'ils sont. Cet air... d'abandon qu'ils ont. Ce visage déformé par la mastication, les joues rondes, le nez qui gigote à droite et à gauche, ce visage d'enfant, cette grimace perpétuelle nécessaire et ridicule ; et leurs yeux surtout, les yeux ronds perdus, noyés, grands ouverts, inattentifs. Abandonnés. Ils ont une tête penaude et vide, ils ont l'air toujours pris sur le fait, pas rassuré, limite petit lièvre craintif chopé dans un faisceau de phares. Ils déglutissent en avançant le crâne, mâchent et mâchonnent, si vulnérables dans ce geste qui date de leurs premiers jours, et qu'ils sont comme désolés de pas réussir à changer. Souvent les épaules lâchées. Les bras qui tiennent à peine ce qu'ils portent à leur bouche. Les lèvres lippues, industrieuses, dévoilées dans leur intimité bonhomme. Au milieu des gens qui ne font pas ça du tout.
Ils me renvoient mon image ou quoi, je sais pertinemment qu'ils sont bien et n'ont pas besoin de ce regard que je leur porte... mais ce regard ne les touche même pas. C'est un regard qui me reste coincé dans les yeux, c'est moi qui me parle à moi-même...
Le repas c'est quand même quelque chose d'éminemment social. Au moins moi je le vois comme ça. On partage la nourriture ramenée pour le cercle. Et là non. Ils sont... perdus. Si simples. Si inoffensifs quand ils s'adonnent à ce besoin. Le pire c'est quand ils déballent leurs machins, une bouteille par ci, une salade par là, un truc fait maison qui a la tête de l'emploi, deux tranches de pain enveloppées dans du papier métallisé à droite, cette application machinale quand ils essayent désespérément d'aménager un petit coin à l'atmosphère vaguement familière et appétissante ; et là ils lancent des petits regards apeurés à droite et à gauche, du genre 'je m'excuse mais j'ai faim' ou alors 'qui va venir me piquer ma bouffe ?', avant de déballer le truc qui vient en premier et de le regarder, très rapidement, avec un regard qui essaye de se convaincre 'houuuuulà, c'est de la bonne tambouille tout ça'.
Quand je suis fatigué ça me donne envie de pleurer. Quand je le suis pas, des fois, aussi. Mais là c'est dur à dire pasque je suis quand même souvent fatigué.
j'ai toujours été... tellement... illégitimement... touché... apitoyé... meurtri, par la solitude, l'intimité, la vulnérabilité, la plus dépouillée des simplicités de ces gens qui mangent tout seul. Je les vois différemment de ce qu'ils sont. Cet air... d'abandon qu'ils ont. Ce visage déformé par la mastication, les joues rondes, le nez qui gigote à droite et à gauche, ce visage d'enfant, cette grimace perpétuelle nécessaire et ridicule ; et leurs yeux surtout, les yeux ronds perdus, noyés, grands ouverts, inattentifs. Abandonnés. Ils ont une tête penaude et vide, ils ont l'air toujours pris sur le fait, pas rassuré, limite petit lièvre craintif chopé dans un faisceau de phares. Ils déglutissent en avançant le crâne, mâchent et mâchonnent, si vulnérables dans ce geste qui date de leurs premiers jours, et qu'ils sont comme désolés de pas réussir à changer. Souvent les épaules lâchées. Les bras qui tiennent à peine ce qu'ils portent à leur bouche. Les lèvres lippues, industrieuses, dévoilées dans leur intimité bonhomme. Au milieu des gens qui ne font pas ça du tout.
Ils me renvoient mon image ou quoi, je sais pertinemment qu'ils sont bien et n'ont pas besoin de ce regard que je leur porte... mais ce regard ne les touche même pas. C'est un regard qui me reste coincé dans les yeux, c'est moi qui me parle à moi-même...
Le repas c'est quand même quelque chose d'éminemment social. Au moins moi je le vois comme ça. On partage la nourriture ramenée pour le cercle. Et là non. Ils sont... perdus. Si simples. Si inoffensifs quand ils s'adonnent à ce besoin. Le pire c'est quand ils déballent leurs machins, une bouteille par ci, une salade par là, un truc fait maison qui a la tête de l'emploi, deux tranches de pain enveloppées dans du papier métallisé à droite, cette application machinale quand ils essayent désespérément d'aménager un petit coin à l'atmosphère vaguement familière et appétissante ; et là ils lancent des petits regards apeurés à droite et à gauche, du genre 'je m'excuse mais j'ai faim' ou alors 'qui va venir me piquer ma bouffe ?', avant de déballer le truc qui vient en premier et de le regarder, très rapidement, avec un regard qui essaye de se convaincre 'houuuuulà, c'est de la bonne tambouille tout ça'.
Quand je suis fatigué ça me donne envie de pleurer. Quand je le suis pas, des fois, aussi. Mais là c'est dur à dire pasque je suis quand même souvent fatigué.
3 Comments:
bah moi suis pas d'accord j'aime bien manger mon sandwich seul dehors
Ack!
Pourquoi est-ce que ce journal en francais? Je ne peux pas bien lire le francais...
euh c'est que connaissant mitch spa évident ... mais bon s'il veut que je le lise c'est necessaire :p
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