måndag, april 24, 2006

Blogstalgie quand tu nous tiens...

Je dépoussière mes vieux enfants, et vlà sur quoi je peux tomber : un extrait de l'Histoire N°5.
Le narrateur est un policier, il voyage avec Mademoiselle Hatsfend, et là il est pris dans une bataille (genre Première Guerre Mondiale) au milieu d'un régiment d'Orcs (sisisi).
C'était un des temps où j'essayais de faire du Frédéric Dard.
Et en fait je l'aime bien, st'extrait. Non que le Dard soit vraiment fidèle, ou vraiment convaincant. Mais y'a des images que j'aime encore. Mon favori ? "gueule à l'envers".


"
J’ai jamais vu le feu. Oh ! on vous dira que la rue, ça craint des masses, par moments, et que ça défouraille sec dans les michetons… Mais c’est pas vraiment le feu, ça. J’ai été pris au milieu de pas mal de pétarades dans ma carrière, la moindre c’était pas quand Lukas le Superbe nous a démoli notre commissariat sur le coin de la figure, et je peux pas dire que ça m’a préparé à la guerre. Oh ! si, quand même… je pense que je suis mieux préparé que Melle Hastfend, par exemple, et Melle Hatsfend est mieux préparée que tout un chacun…
Mais ça ! Mais ça, les gars ! Non seulement y’a du bruit à vous casser la citrouille, partout, et tout le temps, à croire qu’il y a que ça à faire, du bruit ; non seulement y’a des balles qui pleuvent à droite et à gauche, que ça en devient une habitude de voir des ricochets et des explosions autour de ses arpions ; non seulement le gars que vous avez regardé droit dans les yeux, là, y’a pas une heure, est étalé devant vous les tripes à l’air et la gueule à l’envers ; mais en plus, y’a cette volonté, ce truc, cette atmosphère d’apocalypse (et les gens savants qui parlent du Cataclysme devraient venir jeter un coup d’œil ici voir à quoi ça ressemble) et de destruction débile, vraiment débile, y’a ce truc de se dire, à un moment donné : purée, le monde a perdu son bon sens, le rafiot part à vau-l’eau, et tous les moussaillons avec.
Alors voilà, je me suis retrouvé, moi aussi, à gesticuler en défouraillant à vue de nez vers ce qui doit être la ligne ennemie. J’ai bataillé ferme contre des mottes de terres, des crevasses traîtres, de la pelouse qui monte jusqu’au genou, des broussailles qu’on voit qu’au dernier moment et qui chopent le futal avec toutes leurs griffes, des flaques de gadoue glissantes et salopes. Et j’ai gagné. Je suis arrivé jusqu’aux tranchées, un morceau de trou que j’aurais pas remarqué si on m’avait pas dit : « tiens ! les couillons se planquent là-bas, c’est notre terminus ». Au terminus, j’ai vidé un chargeur pour la forme, et quand je déplaçais mon bras, comme ça, en réponse y’avait des gens qui hurlaient, des caves qui se jetaient en arrière, des pauvres bougres qui roulaient dans la poussière. Et j’étais tellement parti, tellement abruti, que je me suis rendu compte de rien. C’est comme si j’avais pioncé, ou que j’avais baisé une bûcheronne pendant quarante heures d’affilée : je me suis retrouvé vautré par terre, la tête entre les genoux, et les Orcs qui chantaient autour de moi, les cons, comme si c’était malin de s’être mis sur la gueule pour un trou dans la pelouse. J’ai dû dégobiller un coup, je sais plus trop. Et puis je me suis relevé, je me suis torché la gueule avec la manche, et j’ai été boire un coup. C’est comme ça. C’est la guéguerre.
"