tisdag, februari 21, 2006

Jamlog - episode two

le 160206, 0740

13 Hillcrest Avenue, Ambassade de France. Une heure d'avance sur l'ouverture. J'avais prevu large. A pied ca doit etre a vingt minutes de mon hotel. Etrange comme il est incongrude marcher dans cette ville. La proprio de l'hotel m'a plusieurs fois dit de prendre le taxi. Elle sait pertinemment que l'ambassade est tout a cote de son hotel, et que le quartier est particulierement calme. Les rares pietons aue je croise me devisagent comme si un blanc qui n'est pas dans un taxi est deja quelque chose de louche.
En fait, il regne une grosse tension dans la ville, un climat d'insecurite, une bete qui sort des ghettos, la nuit, pour roder dans les quartiers paisibles. Ca me rappelle le film Le Village. Ici a Kingston, il y a Ceux Dont on ne Parle Pas, et comme dans le film, on en parle tout le temps, comme une chape qui doit peser sur les esprits. Et la couleur interdite, ici, c'est le blqnc.

Bon, la proprio de l'hotel voulait encore derformer un peu la realite, elle m'a soutenu dur comme fer que c'etait 0830 l'ouverture, en fait c'est 0800.

Ah et puis autre truc : les Jamaicains ne portent pas de lunettes de soleil. Du coup j'ai range les miennes. Je sais pas comment ils prennent ca, les blancs dans la rue avec des lunettes de soleil. Ca m'embete, mes yeux fatiguent vite a la lumiere.


1445
Terrasse du Sandhurst Hotel. Pas vraiment la grande classe, mais j'ai la place et la radio. En-dessous, la piscine. Holaaaaaa... vous excitez pas. C'est just'un container a flotte de 3 m de profondeur maxi, 10 m de longueur pour 5 de large. Miteux et pepere.

J'ai fait mes visites ce matin. D'abord l'ambassade. Rencontre l'agent Pierre (modele du gendarme de l'Yonne, mais sauce Empire Francais du Couchant), une secretaire qui s'est fait peter la bagnole de service de son mari ce matin, madame le/la consule, et surtout deux chargees du service culturel de l'ambassade genre post-DEA qui sont toutes gentilles et toutes serviables. Puis direction l'Alliance Francaise, l'agence de promotion de la culture francaise a l'etranger, ou un type, tres interesse aussi, m'a appris en beaucoup de mots qu'il ne pouvait pas grand'chose pour moi, mais il a bien cherche dans sa tete, j'avais envie de lui dire de pas se donner tant de mal. Apres ca, direction la banque, ou au deuxieme essai (2eme banque), j'arrive a tirer des sous. Retour a l'hotel, sans avoir oublie de me paumer comme un malheureux. Totalement paume, detour d'une demieure, la grosse merde. Heureusement, les Jamaicains, les passants je veux dire, sont tout ce qu'il y a de plus agreables et serviables, du genre je VEUX t'aider. Un qui m'indique le chemin, et quand je le recroise, une heure plus tard, me demande si j'ai bien trouve, et puis l'autre qui, me voyant demander mon chemin, prend les choses en main et me guide lui-meme a mon hotel. D'ailleurs, il m'a fait traverser son ghetto, Sandy Park, c'esdt-a-dire un vrai ghetto, maisons bricolees, culture du gomi, le dechet recupere, des vieilles memes machouillees un peu partout dans la rue qui papotent. C'est tout petit selon mes estimations, et tout-a-fait safe & tranquille selon le type (faut etre accompagne, stadire). Il dit que c'est un ghetto "cool", et que lui-meme est "cool".

Ca me permet d'enchainer sur les Jamaicains tels que je les vis. Il y a plusieurs archetypes, sans les reduire a ca. Il y a les vieux et les vieilles rastas. Du genre... peace, et elocution tranquille. C'est-a-dire leeeent a parler, avec plein de pauses dramatiques, des "Ya Mon", "One Love", "Respect", "Yes I", comme des vrais. Des icones de cartes postales, dont on a les versions (eternels) adolescents a la maison, en France. D'ailleurs, bien qu'ils soient plus legitimes ici a la Jameque, c'est quand meme pas ma tasse de the. Un deuxieme type, les jeunes dynamiques. Rastas ou non. Surtout non. Vendeurs dans les magasins, vendeurs a la sauvette, gardiens, passants, taxicabs, tous magouilleurs, fiers, pas souriants mais... concentres, determines, vifs, aui me font toujours l'impression de vouloir se defendre d'etre des voleurs. Ca c'est les "t'ugs", comme dit mon hotesse, la patronne. Des "thugs", des voyous. Je crois qu'elle a la categorie toute faite dans sa tete, et qu'elle les rejette en masse. Des jeunes aux dents longues. Des coyottes, au sens amerindien du terme : debrouillards, futes, pleins de resources, egocentriques, communautaires, chasseurs et charognards, devoues, fiers.

Bon, pour en finir avec mes peripeties : Apres la banque, je rentre donc a l'hotel par la clef des champs. La, j'apprends que la patronne ne prend pas la carte. Retour a la banque, par le chemin le plus court. La, j'apprends que j'ai un plafond de retrait. Du coup je tire un accompte pour l'hotel, puis je me paye un telephone portable, et enfin je touche a un des plats nationaux : le jerk de porc, c'est... du cochon, et ben tu le fous sur un feu de bois, avec une sauce barbecue un peu mielee (je crois) et de la ketchuppe. Cote cheap du truc, 'voyez ? Avec ca du Pepsi, c'est aussi cher que l'equ & y'a du sucre. Retour a l'hotel. La patronne acquiesce (comment ca s'ecrit ca au fait ?). Je mange. Je bois. Je suis sur les rotules. Vla. Pas le courage d'aller a l'universite, je devrais, maintenant que j'ai des noms (merci les filles du service culturel).


1815

Des Japonais qui font 'yo mon' et qui roulent leurs spliffs comme a la tele... Sur la terrasse du Sandhurst.

Petit tour au centre d'affaires aujourd'hui, un peu pour rien. Demain universite.

Et voila mon plat. Des lolitas japonaises qui crapottent leurs petts... on aura tout vu.


1945

Creve. J'ai l'impression qu'il est onze heures du soir. Ce qui est pas si con vu que grosso modo je sens trois heures de decalage entre ma routine francaise et ici. Sauf qu'ici, en plus, je marche...
Le repas etait particulierement naze... un genre de poulet laque sauce sucree piquante, du riz genre riz, et carottes-haricots. Totalement... cantonais europeen facon suzi-wan. Superlocal. Mais c'etait assew copieux et c'est tombe au fond.

Le jour est d'une longueur de douze heures tout pile. Lever du soleil a six heuresm coucher a six heures plusse un chouia. En fait, a sept heures c'est nuit noire et faut pas sortir.