fredag, januari 27, 2006

Fable - suite

[pour comprendre les allusions, il faut se reporter au comment de Nanou sur le post Fable]



Aaaaah... la justice...


La justice...

Mais l'embêtant ici, c'est que tout a été juste. Elle a vraiment consommé quelque chose qu'elle n'a pas payé, et qui était au-dessus de ses moyens. Qu'elle ait eu la promesse qu'elle ne paierait pas ou non, elle a vraiment obtenu quelque chose qui n'était pas pour elle.

Et elle a vraiment fait du tort à tous les employés de la pâtisserie, qui ont travaillé pour quelque chose qui n'aura pas été payé.

Et elle a vraiment fait du tort à son ménage, puisqu'elle l'a endetté alors qu'il avait peu de moyens.

Elle l'a vraiment fait. Qui a eu tort ? Le mari n'a pas eu tort si ce n'est qu'il a manqué de délicatesse : un tort pas bien lourd face à l'endettement du ménage. Et le chef a eu raison en ceci : il faut payer pour ce qu'on obtient. C'est toujours comme ça. C'est ça la justice.

Rien ne doit être exigé, conçu, ou considéré, comme naturellement offert. Toute joie est un bonus inespéré ; toute épreuve, le lot naturel et évident du vivant.

Rien n'est gratuit. Et surtout pas le bonheur. Alors quand 'il se trouve' qu'un avocat ne demande pas des sous, c'est un bonheur gratuit, pas payé, pas organisé, pas voulu. Et quand 'il se trouve' que c'est un homme merveilleux, la femme n'y est pour rien.
Et surtout, quand 'il se trouve' qu'il y a des possibilités de divorce, et 'il se trouve' qu'il y a des caméras de surveillance, et qu'en plus, 'il se trouve' que le tribunal donne raison au petit face au fort, alors là, non, ce n'est pas payer pour ce qu'on obtient, c'est une pluie de bénédictions, et on n'y est pour rien.


Mais d'ailleurs... "le monde est ce qu'on en fait"... ce n'est pas très vrai. Les épreuves sont ce qu'on en fait : des fois on passe le test, souvent on se casse la figure.
Le bonheur, lui, est souvent innattendu, et non payé : on doit toujours se préparer à ce qu'il nous soit retiré. Parce que c'est un bonus. Et surtout, surtout, ne pas se plaindre de ce qu'on nous l'a retiré, non : attendre le bonheur suivant.



En passant les épreuves.

blog sans blog n'est que ruine de l'âme

J'écris dans des circonstances les plus particulières et, même si ça va peut-être sonner différemment ici, je suis pas dedans - je suis encore plus gris que d'habitude.

Je suis pas passé loin de la mort. Ca fait bizarre de l'écrire, ça fait encore plus bizarre de le penser, et ça fait surtout bizarre quand on sait dans quelles circonstances.

Les circonstances sont simples : j'ai perdu ma machine. Mon ordinateur, suite à une manipulation hasardeuse, ben, je l'ai bousillé. Au début, je pensais, définitivement, et c'est pour ça que je peux dire que je suis pas passé loin.
Et en fait j'ai pu le récupérer un peu, maintenant il est à nouveau mort, mais je vais sûrement pouvoir le réssusciter, le temps de mettre en orbite ce que je voulais en sortir avant de l'enterrer définitivement.

Ne plus avoir d'ordinateur en soi est déjà quelque chose de traumatisant pour moi. Et, encore une fois, je ne fais pas de l'ironie et je vous prie de ne pas trouver la pensée ridicule. J'ai eu un ordinateur personnel vers mes dix ou onze ans, et depuis, j'ai toujours eu une machine pour moi, à portée de main. C'est... comme une chambre. Ou plutôt, comme... une seconde tête. Les seuls moments où je n'ai plus eu d'ordinateur, d'une part c'était très court, une semaine peut-être au maximum, d'autre part, j'ai toujours pu récupérer un maximum de ce qu'il y avait dessus - à part une fois, dont je me souviens particulièrement douloureusement, où j'ai perdu tout un pan de ce que j'avais fait.
Ne plus avoir d'ordinateur, d'autre part, c'est freiner d'un sacré coup de talon tout ce que je fais. Parce que je fais tout sur ordinateur. Je travaille sur ordinateur, je me divertis sur ordinateur, je fais de la cuisine grâce à mon ordinateur, je lis sur ordinateur, je fais de la musique sur ordinateur, je fais mes dessins sur ordinateur, je regarde mes films sur ordinateur, j'écoute la musique sur ordinateur, je reçois et j'écrie des mails sur ordinateur, je communique avec les potes et la famille sur ordinateur. C'est aussi sur ordinateur que je comptais faire mon mémoire de master.

Et ça déjà, dans l'état moral et mental où j'étais, où je suis, c'était assez pour me flinguer. D'ailleurs, ça m'a flingué. Imaginez qu'on brûle votre chambre. Ou plutôt, qu'on brûle votre maison. Et puis votre entreprise avec. C'est un chômage technique dans toute relation, dans le travail, dans le divertissement. Comme d'être interné dans un hôpital, sauf qu'on sait pas quand on sort.
Vous pouvez rire : nan mais arrête de faire ton geek, dans un hôpital on peut pas se balader, on peut pas aller faire les courses, on peut pas bouger ! Oui, mais on peut faire de l'ordinateur. Comprenez : ce n'est pas le même référentiel. Imaginez qu'on vous casse les jambes, qu'on vous colle une maladie et qu'on vous laisse seul dans une chambre avec un ordinateur. Vous diriez que vous ne pouvez plus rien faire. Et bien c'était presqu'exactement comme ça que je vivais, au contraire : je me baladais grâce à mon ordinateur, je bossais avec, je faisais tout avec. Non, ce n'est pas être associal. On est associal quand on ne veut pas en sortir. J'ai toujours été impatient de laisser mon ordinateur pour aller voir les gens, et d'ailleurs, l'ordinateur m'a toujours permis de rester en contact avec les gens.

D'ailleurs, pour mesurer l'impact que ça peut avoir sur mon style de vie, on n'a qu'à penser à ce qu'être privé d'internet peut avoir comme effet sur moi. Ceux qui savent savent. Je deviens assez littéralement fou. Disons que je suis déjà devenu assez dément à cause de ça, un certain mois d'avril, par le passé. Mais même quelques jours, ça me rend dingue. Imaginez maintenant que non seulement je ne puisse plus communiquer avec le monde extérieur, mais que je sois aussi incapable de communiquer avec le monde intérieur.

Parce que c'est ça l'enjeu, c'est bien plus que de ne plus pouvoir vivre : c'est d'avoir perdu tout ce que j'ai vécu auparavant. Tout ? vous riez encore. Oui, tout. Pour un exemple, une chose à laquelle a servi de vivre tout seul est la cuisine : j'ai vraiment progressé en cuisine, enfin, dans mon référentiel au moins, même si certains diraient que faire du sucré-salé ou des gâteaux au microondes c'est plutôt regressé. Mais mes recettes sont sur mon ordinateur. Je ne garde que quelques souvenirs épars. Qu'on juge donc ce que ça me fait d'avoir perdu mes recettes, mais aussi les morceaux que j'ai enregistrés sur ordinateur, le début de mon mémoire, et mon travail sur les famines, et mon travail sur la rue de la Butte aux Cailles, et mes nombreux textes passés, et les textes que j'ai commencé à écrire depuis peu, et qui me faisaient, bon an mal an, bien plaisir ; et mes dessins, que ce soit mon immense collection d'images récupérés depuis des années en surfant ou bien celles que j'ai faites moi-même, et qui n'ont souvent gagné de valeur que parce que les dessins avaient été complétés sur ordinateur ; et toute une galerie de photos persos, des bouilles de ma meute, des bouilles de souvenirs, et pas mal de mails, qui sont copiécollés en fichiers textes, et tout ce que j'ai pu écrire à droite à gauche, sans jamais m'arrêter.
Et je ne parle pas des choses récupérables ou moins importantes, mes playlists, avec un millier de pistes, mes films, et mes sauvegardes de jeu, qui ont une valeur en soit, puisque quand vous passez des journées entières à jouer, c'est peut-être minable, mais vous aimez pas les voir effacées d'un coup, et qui ont une autre valeur, puisque j'arrivais à écrire des textes et des petits morceaux de fiction à partir d'elles.

Comprenez le truc, ce sont mes enfants, et je n'utilise plus seulement ce mot, aujourd'hui, pour désigner mes poèmes, ce sont mes enfants qui sont partis, partis, partis, et que font un énorme creux dans mon bide. C'est mon passé, parce qu'il a une toute autre apparence quand je peux m'en souvenir avec des photos, des mails, des textes, des conversations msn enregistrées, c'est mon passé qui fout le camp.




Enfinbon, là, il se pourrait que je récupère l'ordinateur, que je le mette en vie artificielle assez longtemps pour pouvoir sauver le principal de la mort. Mais, quoi que j'arrive à faire, je ne pense pas pouvoir tout sauver, et surtout, je ne pense pas pouvoir sauver la machine entière. On va devoir opérer pour sauver tout ça, et je pense pas que ça fasse du bien à l'ordinateur de se faire débrailler les entrailles.
Toujours est-il que j'ai pensé, pendant un jour ou deux, ne plus pouvoir continuer - ne plus pouvoir marcher encore, ne plus pouvoir pousser mon rocher, ne plus pouvoir me lever.

Et d'ailleurs, ça n'a pas raté : les trois derniers jours, je me suis levé le plus tard possible et je n'ai fait que regarder la télé et faire à manger : seulement ces deux actions, avec des journées ridiculement courtes qui se mélangent et s'effacent dans ma mémoire - des non-jours.

Pasque je n'ai plus de machine. Juste ça. Juste ça et tout coule. Vous pouvez trouvez ça minable.
Non, on ne peut pas dire qu'un ordinateur soit toute ma vie. Je préfère dire que c'étaient l'une des seules choses qui me restaient de ma vie. Ce qui me faisait lever le matin, c'était l'ordinateur. Ce qui me fatiguait pour que j'aille me coucher le soir, c'était l'ordinateur.

Et pourquoi des mots si absolus ? Pasque j'ai perdu l'ordinateur avant même d'avoir commencé à le rembourser, et que je n'aurai sûrement pas de machine avant des mois. Et donc, que je me retrouve aussi peu équipé pour la vie qu'à mes... dix ans ?
Bien sûr, j'espère que je vais arriver à me démerder, d'une manière ou d'une autre, pour récupérer une autre machine le plus vite possible. Et... et surtout mes enfants.


C'est pour ça, à cause de l'absence d'ordinateur, que mon appart à Paris s'est vidé de tout intérêt. S'il n'y a plus d'ordinateur, ce n'est qu'une cuisine assortie d'un tombeau où j'attends que le jour se termine. L'autre intérêt d'un appart à Paris était de me rapprocher de ma meute et de vous voir plus souvent, et il n'y a que Ricou que j'aie réussi à voir plus souvent - et maintenant, il est devenu largement moins disponible.
Donc je pense très-sérieusement à stopper ici l'expérience de l'appart à Paris. C'est excellent de vivre tout seul quand on va bien, mais quand on va mal et que personne ne vient, c'est terrible. Je ne pense pas que vivre ici, chez les parents à Orsay, soit mieux en soi, mais c'est un moindre pire.
En plus, ça économisera des sous à mes pauvres parents qui dépensent sans compter ce que je gâche en comptant - et je compte minutieusement, et toute la perte, je l'ajoute à mon ardoise, et mon fardeau n'en devient que plus lourd.


Donc, retour au bercail, par petits rebonds, c'est-à-dire que je pense lâcher l'appartement définitivement quand j'aurai remis la lettre à mon proprio, ce qui me laisse au moins un mois encore.



Et là je suis à Orsay. Comme je l'ai dit, je n'ai plus rien à faire à Paris, sauf peut-être le Nouvel An Chinois, qui éclatera just'à côté de chez moi dimanche.



A nos échecs.

måndag, januari 16, 2006

Blogorama

Reviews en pagaille ce soir...

Premièrement, Bastard!!
Une série anime en six épisodes. Une histoire de fantasy, les gentils prêtres de la lumière doivent se défendre contre les méchants magiciens des ténèbres. Chiant, à l’oreille. Là où ça devient marrant, c’est que pour ce faire, ils obtiennent l’aide d’un méchant magicien des ténèbres. Bon, là se résume pas mal de l’intérêt du manga, même si le méchant magicien en question s’adoucit au fil des épisodes. C’est pas foutrement un salaud, en fait. Sinon, un manga qui se voulait humouristique mais qui n’arrive pas à se défaire de son sérieux. Plus mature, plus solide que les Chroniques de la Guerre de Lodoss, mais ça ressemble beaucoup : de l’action faite en explosions qui fusent de partout, pas grand-chose du côté des images, si ce n’est quelques instants saisissants (quand Archess Ney pleure, en fait). Mon pouce levé pour Gala, le Maître Ninja, qui réussit un truc marrant pour sauver la susdite Ney. A voir si on aime les beaux blonds. Attention, il y a du fan service, c’est-à-dire des positions fortuitement perverses, du nu pré-pubère et des allusions salaces. Et puis pas mal de gore. Pas pour les enfants.

Deuxièmement, Outland.
Outland, sous-titré Loin de la Terre, est un film de science-fiction avec Sean Connery. Oui-oui. Ca sonnait bien à l’oreille. Mais voilà, c’est pas bien. Pasque c’est un policier qui aurait pu se passer dans une ville minière du Texas, mais que la lumière et l’atmosphère confinée devait rendre effrayant. Connery est bien, bien sûr, mais c’est le seul de la distribution. Le film se passe seulement en deux phases, la phase mystère et la phase action, mais la phase mystère tourne très vite court (on devine très vite qui que quoi dont où), et la phase action est plutôt ratée. Rien de bien folichon. Mention spéciale pourtant aux premières répliques entre Connery et la médecin, c’est assez bien écrit.

Troisièmement, Perfect Blue.
Un film d’animation japonais. Très bien, très inspirant, très bien réalisé, bien qu’un peu longuet par moment. Pour les graphiques tout d’abord, du grand art. Ca lorgne du côté d’Apple Seed (deuxième mouture) et de Jin-Roh (la Brigade des Loups). Si ça vous dit rien, c’est un mélange de cells (le moyen traditionnel de faire des dessins animés) et d’imagerie informatique (du CG). Le scénario est un peu tortueux mais finalement on se rend compte que ça se tient très bien, ça rend bien, c’est un thriller psychologique un peu déroutant, mais on s’y retrouve. Des crimes en série, un type louche, et des rêves éveillés. Un petit peu de nu (une scène de viol pour de faux), pas mal de gore (des coups de tournevis un peu partout). Et puis ça renseigne assez sur l’esprit nippon, fandom, Internet (...et musique de merde ^^). A voir. Meilleur point : la fin, vraiment. Là où ça prend un sens.

Quatrièmement, Mon Voisin Totoro, un film d’animation aussi.
J’avais toujours pas vu, ça manquait à ma culture, non ? Mon Voisin Totoro est de Hayao Miyazaki, le type derrière Heidi, Cobra, le Château dans le Ciel, Kiki la Petite Sorcière, Porco Rosso, Princesse Mononoké, le Voyage de Chihiro, le Château Ambulant... Excusez du peu. Donc, ‘Totoro est un conte pour enfants... Ouais. Ou on dit ça pour ne pas avouer qu’on adore. C’est une fable assez merveilleuse, vraiment... adorable. A vous faire baver de joie comme un gamin. Les deux petites héroïnes sont fantastiques, en plus le doublage français est très convaincant. Le dessin est merveilleux... Pas d’informatique là-dedans, que de la minutieuse peinture à la main... Pour tout ceux qui disent que les mangas, c’est pas de l’art. L’histoire elle-même est magique, du genre ‘meuuuuhnon j’y crois poooo’ mais on aimerait y croire, ou y avoir cru. Même la musique est rigolote. Un truc béton pour quand votre âme d’enfant vous manque. Mon coup de coeur : Mei. Aaaaadorable, du début à la fin.

Cinquièmement, petit retour sur Trigun.
Trigun est une série d’animation japonaise en 26 épisodes. Elle est sortie en 1998, l’année de sortie de Cowboy Bebop, et raconte les aventures d’un beau mec solitaire, déconneur et bouffon en surface mais qui cache un lourd lourd lourd secret, et qui manie le pistolet comme un as... Euuh... C’est pas Cowboy Bebop ça ? Non non, c’est bien Trigun. Le besoin de comparaison paraît immédiat. Mais avant ça, laissez-moi vous rappeler que je crève d’amour pour Cowboy Bebop...
Et ben plouf ! Pas de suspense, Trigun est vraiment... ... ...moins bien. Il ne se passe presque rien dans la moitié des épisodes (la série commence vraiment au 14ème) là où chaque épisode de Cowboy Bebop renouvelait ma fascination par sa beauté, son inventivité et sa force émotionnelle. Il n’y a qu’une poignée de pistes de vraiment mémorable dans la bande originale, là où une vingtaine de pistes de Cowboy Bebop sont dans ma playlist perso à la vie à la mort. Les personnages sont un peu fallots, non, sont même tous carrément vides, là où tout le casting de Cowboy Bebop est gravé dans ma mémoire. Même le héros finit par énerver par sa bouffonnerie. Y’en a trop. Et quand ils essayent de coller un second couteau au héros, ça réussit à moitié (n’empêche, ce second rôle est celui que je préfère). Et enfin, le scénario tout entier est un peu téléphoné, et ne réserve que peu –scritch scritch scritch je rature : pas de surprise du tout.
Ma conclusion : allez voir Cowboy Bebop, vous y gagnerez partout. Selon moi. Ah, le meilleur truc ? Hmmm... Le premier épisode. Ca doit être le plus réussi. Et puis y’a encore l’effet de surprise. Et visez-moi cette Winchester à deux magasins !



Voilà, maintenant je vais me remater Quatre Mariages & un Enterrement, pour le plaisir. Mais là je vais pas vous faire la review, si ?

fredag, januari 06, 2006

Fable

Il était une fois...

...oui, st’une de ces histoires qui commencent par “il était une fois”...

Il était donc une fois une femme, qui faisait partie de ces gens ni jeunes ni jolis, et pauvre, qui travaillait à la plus grande pâtisserie des duchés.
On y fabriquait des gâteaux si bons qu’ils coûtaient une petite fortune, et qu’on venait de très loin pour en commander.
La pâtisserie était dirigée par un chef très-sévère et très-estimé.

Il y avait dans les duchés une fête très suivie. Et pendant cette fête, tout le monde buvait un peu et était guilleret.

Et bien, ce jour de fête-là, la femme se trouvait par hasard en compagnie du chef. Il avait bu, elle avait bu, et ils eurent une courte discussion, pendant laquelle elle avoua n’avoir jamais pu s’offrir des pâtisseries qu’elle aidait à fabriquer. Sur l’instant, le chef lui en tendit donc une et lui dit de la prendre. Elle rougit et répondit qu’elle n’osait pas, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait jamais la payer, que de tels délices étaient hors de sa portée. Il écarta l’argument d’un geste et lui dit que le gâteau lui serait donc offert.
Elle le prit, et le mangea, et le trouva la plus merveilleuse chose qui lui était arrivée, et, certainement, qui lui arriverait. Elle se lécha le bout des doigts, remercia profusément, et ils se séparèrent. Elle retourna chez elle rejoindre son mari, et ce fut une fête très joyeuse.



A la fin du mois, le trésorier ne lui donna pas sa paie. Elle s’en étonna et on lui répondit vertement que c’était elle qui devait de l’argent à ses employeurs, parce qu’elle devait payer la pâtisserie qu’elle s’était permise à la fête. Elle s’écria qu’on la lui avait offerte et fit appeler le chef. Celui-ci maintint, arguant qu’il est normal de payer le prix de ce que l’on a obtenu, et qu’elle était bien placée pour se rendre compte, elle, employée de la pâtisserie, du tort qu’elle avait causé à tous les autres employés ; et il lui intima même de travailler dur puisque ce qu’elle avait mangé coûtait extrêmement cher.

Elle fut effondrée. Vraiment.

Quand elle rentra chez elle et apprit la nouvelle à son mari, il la réprimanda durement et lui reprocha son action insensée, contre toute retenue et hors du sens commun, ayant soin de lui rappeler qu’elle avait plongé le foyer dans la détresse à cause de l’argent.

La femme était désespérée. Détruite.
Sa vie, qui reposait sur un équilibre subtil et précaire, s’était tout soudainement écroulée. Elle pleura souvent ces jours-là, jusqu’au moment où elle n’eut plus de larmes dans ses yeux, alors elle arrêta.



Elle était dans le jardin derrière sa maison quand un homme vint la trouver.
Un homme... ç’aurait pu être une femme. aussi.
Ils parlèrent longtemps. Sa voix à elle était grincheuse et exténuée, sa voix à lui était soyeuse et vibrante.

Elle parla amèrement du chef et de la pâtisserie, puis de son mari. Quand l’homme lui demanda ce qu’elle souhaiterait qu’il arrivât, elle répondit qu’elle souhaitait qu’ils vivent en Enfer pour qu’ils y apprennent, l’un l’honnêteté, l’autre la compassion. L’homme la reprit alors gentiment et lui dit que ce n’était pas leur malheur qu’elle voulait. Ce qu’elle recherchait, au fond, c’était la paix.
Et quand elle réalisa cela, une expression radieuse s’empara de tout son visage. Elle était soudain lumineuse. Elle rougit et dit qu’elle désirait ardemment, en effet, connaître la paix. Il lui sourit et la prit par les épaules.

Il l’emmena à un endroit où elle connut la paix, toujours ,et jamais plus elle ne pleura à cause du malheur. Quand elle repensait à cette histoire, elle était certes un peu distante, comme contrariée, mais c’était très rapide, comme un nuage qui marche très légèrement sur un beau soleil de printemps.



Elle ne le sut pas, mais le chef mourut peu après d’une maladie douloureuse, et fut enterré très-respectueusement.
Son mari finit sa vie dans la misère après avoir dilapidé une fortune héritée.
Mais, encore une fois, cela, elle ne le sut pas.


Elle, elle chantait.

torsdag, januari 05, 2006

blogtrait

t’es rien de bon, et y’a rien de bon qui sort de toi. T’as peur qu’on te voie et t’as peur qu’on te voie pas... mais la plupart du temps, tu voudrais te cacher.
T’as ta tête qui guide tes pas, mais en fait c’est pas ta tête c’est ta couenne, et comme ta couenne vrille de douleur en fait c’est soit ton coeur qui reprend l’affaire soit ta douleur qui mène la barque, et quand ta tête essaye de revenir ça rend que de la colère ou de la honte. Et toi t’y comprends que dalle.
Et tous les matins tu te sors toi-même de la nuit, à la force du bras, en peinant, et tous les soirs tu te poses en urgence pour atterrir le plus au fond de la mer possible. Et de décoller, d’amerrir, de voler ou de nager, tu sais pas trop comment décrire ta vie.

C’est le chaos, ça tu sais ça, mais pas un chaos agréable, pas un chaos ambitieux, pas un chaos tempétueux, non ; c’est un chaos très-ordonné qui conduit exactement à ta perte, à ta chute, à ton dévoiement. Et toi qui aimes le chaos, au fond, bah connement tu te perds, tu tombes, et tu te dévoies. Comme ça. Comme tu respires.


Tu te supportes plus. C’est peut-être ça le pire. T’es le seul qui sait, t’es le seul qui a vu par quoi t’es passé, t’es le seul qui puisse mesurer l’étendue de ta fatigue et de ta douleur, mais voilà, la couille c’est que tu te supportes plus. T’en as marre, de toi. T’en as ta claque de rester toujours avec toi, et tu te regardes, comme ça, te planter chaque jour, t’effondrer chaque nuit, te planquer, te ridiculiser, t’effacer, lentement... tu te regardes te détruire et là, toi-même t’es séparé encore en deux : une partie de toi qui te regarde te détruire trouve ça bien, pasque t’es rien de bon, et qu’il faut détruire ça, et une autre partie de toi trouve que c’est le plus con, et que ça te rend encore pire.
Et de plus savoir où donner de la tête, de plus savoir qui insulter dans toi, bah ça te lamine. Ca te déconcentre. Tu sais plus quoi faire.

En gros, voilà, tu sais plus quoi faire. T’as des morceaux qui s’arrachent avec le temps. Qui tombent. Et toi qui promènes tes yeux en marmonnant « bordel c’est pas bon, bordel c’est vraiment pas bon ». Sans rien savoir y faire.

Trop fatigué. Trop.