Toujours et tounuits
(lundi 30 janvier 2006)
Journée tordue, aujourd'hui, tordue.
Déjà, j'ai passé pas mal de temps à regarder la télé, mais contrairement à d'habitude, j'ai regardé les trucs jusqu'à la fin, sans trop zapper, c'est-à-dire au milieu des clips, deux téléfilms et un épisode de South Park.
Puis j'ai été chercher mon proprio pour faire de la paperasse. Come d'habitude, le gars semble enchanté de me trouver et commence son babillage incessant avec sa voix traînante de vieillard désabusé et grincheux. Il m'a traîné à droite & à gauche parce que j'avais rien de mieux à faire. J'ai visité un appart qu'il va bientôt vendre, une voutique de fausses antiquités tibétaines, un café et un de ses apparts à lui, caverne bourrée jusqu'à la gueuled'objets et de non-objets amassés au fil des ans... Tiens, en y pensant, il me rappelle assez un personnage de de William Gibson, Rubin de Marché d'Hiver, ou le Hollandais, avec sa passion du gomi, du détritus récupérable, une espèce d'art à la César, une collection de surréalismes de consumériste moyen electrisé par une gloutonnerie compulsive pour le chiné et le retapé. Pour exemple, le type a été au BHV acheter des gros tuyaux pour gaz en PVC blanc transprent d'un mètre de long et de dix centimètres de section, qu'il a enroulés dans son antre autour d'un petit bouddha en bois, d'une lampe, d'une poutre apparente, d'un nimporte-quoi qui pendouille, à côté d'un Ken de Barbie colorié au feutre qui tient la main à une poupée de grosse laine d'un goût immonde...
Ca m'a pris trois heures, et grosso modo, j'ai bien aimé. Etrange d'ailleurs. Ce type m'est assez antipathique : imaginez, ou au moins essayez d'imaginer, un grand vieillard libidineux, satyre philosophe et gris, prof à Jussieu spécialiste d'un croisement entre statistiques et physique, qui, il y a trente ans, avait fondé sa propre communauté pseudo-bouddhiste syncrétique et se baladait en toge orange, qui se débat entre des pulsions lubriques et abruties type "et la vendeuse, là, tu la trouves baisable ?" et une philosophie de bodhisattva à la fois pragmatique et dégoûtée de tout.
Mais c'était cool de passer trois heures à l'écouter à moitié, à le relancer quand il faisait mine de s'essouffler, à être franchement pas d'accord quand il pousse les limites des bornes un peu trop loin, Maurice...
Ca devait être... le plaisir basique d'écouter un humain, d'être assis quelque part au milieu du monde, de partager au moins une conversation, de voir défiler les gens dans la vitre, ou de se gratter la tête devant le gomi incroyable dans sa caverne d'Ali Bab.
Et d'ailleurs ça m'a mis de relative bonne humeur. Rentré à neuf heures et demie, j'ai passé une heure l'oreille collée au combiné avec mon Ricou, puis le Dam's, puis Mman.
Et après, cuisine, une journée où j'ai plus rien dans mon frigo ou presque, une malbouffe tiermondiste comme je les aime : du faux pain perdu torturé (pain de mie trempé dans du jaune d'oeuf, de la crème et un trait d'huile, à la poêle) accompagné d'une poutargue (un truc luxueux j'ai appris) que le sieur mon proprio m'avait lâché deux heures plus tôt (une barre orangeâtre de concentré de poisson très salé, un genre de ration de survie de l'armée tadjike qui coûte bonbon), puis accompagné d'orange, de sucre et de confiture de prune.
Journée tordue, aujourd'hui, tordue.
Déjà, j'ai passé pas mal de temps à regarder la télé, mais contrairement à d'habitude, j'ai regardé les trucs jusqu'à la fin, sans trop zapper, c'est-à-dire au milieu des clips, deux téléfilms et un épisode de South Park.
Puis j'ai été chercher mon proprio pour faire de la paperasse. Come d'habitude, le gars semble enchanté de me trouver et commence son babillage incessant avec sa voix traînante de vieillard désabusé et grincheux. Il m'a traîné à droite & à gauche parce que j'avais rien de mieux à faire. J'ai visité un appart qu'il va bientôt vendre, une voutique de fausses antiquités tibétaines, un café et un de ses apparts à lui, caverne bourrée jusqu'à la gueuled'objets et de non-objets amassés au fil des ans... Tiens, en y pensant, il me rappelle assez un personnage de de William Gibson, Rubin de Marché d'Hiver, ou le Hollandais, avec sa passion du gomi, du détritus récupérable, une espèce d'art à la César, une collection de surréalismes de consumériste moyen electrisé par une gloutonnerie compulsive pour le chiné et le retapé. Pour exemple, le type a été au BHV acheter des gros tuyaux pour gaz en PVC blanc transprent d'un mètre de long et de dix centimètres de section, qu'il a enroulés dans son antre autour d'un petit bouddha en bois, d'une lampe, d'une poutre apparente, d'un nimporte-quoi qui pendouille, à côté d'un Ken de Barbie colorié au feutre qui tient la main à une poupée de grosse laine d'un goût immonde...
Ca m'a pris trois heures, et grosso modo, j'ai bien aimé. Etrange d'ailleurs. Ce type m'est assez antipathique : imaginez, ou au moins essayez d'imaginer, un grand vieillard libidineux, satyre philosophe et gris, prof à Jussieu spécialiste d'un croisement entre statistiques et physique, qui, il y a trente ans, avait fondé sa propre communauté pseudo-bouddhiste syncrétique et se baladait en toge orange, qui se débat entre des pulsions lubriques et abruties type "et la vendeuse, là, tu la trouves baisable ?" et une philosophie de bodhisattva à la fois pragmatique et dégoûtée de tout.
Mais c'était cool de passer trois heures à l'écouter à moitié, à le relancer quand il faisait mine de s'essouffler, à être franchement pas d'accord quand il pousse les limites des bornes un peu trop loin, Maurice...
Ca devait être... le plaisir basique d'écouter un humain, d'être assis quelque part au milieu du monde, de partager au moins une conversation, de voir défiler les gens dans la vitre, ou de se gratter la tête devant le gomi incroyable dans sa caverne d'Ali Bab.
Et d'ailleurs ça m'a mis de relative bonne humeur. Rentré à neuf heures et demie, j'ai passé une heure l'oreille collée au combiné avec mon Ricou, puis le Dam's, puis Mman.
Et après, cuisine, une journée où j'ai plus rien dans mon frigo ou presque, une malbouffe tiermondiste comme je les aime : du faux pain perdu torturé (pain de mie trempé dans du jaune d'oeuf, de la crème et un trait d'huile, à la poêle) accompagné d'une poutargue (un truc luxueux j'ai appris) que le sieur mon proprio m'avait lâché deux heures plus tôt (une barre orangeâtre de concentré de poisson très salé, un genre de ration de survie de l'armée tadjike qui coûte bonbon), puis accompagné d'orange, de sucre et de confiture de prune.
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