torsdag, april 27, 2006

Ublogie II

Petite recherche Wiki sur l’uchronie...

On y définit l’uchronie (uchronia) différemment de l’histoire alternative, en ce que l’uchronie doit se situer loin dans le passé de la Terre, ou le point de divergence historique est éloigné, et dans un monde qui n’est pas forcément le nôtre. En gros, on oublie le paradigme de plausibilité. L’Âge Hyboréen de Conan le Barbare est un exemple ; un autre exemple est celui de Hawkmoon, de Michael Moorcock, où toutes les villes & les tous les pays ressemblent à leur contrepartie dans notre univers (Kamarg pour Camargue) ; ou encore le monde de Warhammer (Bretonnie pour France).

L’uchronie telle qu’on la définirait en France (suivant le petit bouquin que j’ai passé à un pote), et telle que je l’ai définie dans le post précédent, serait traduite par Wikipedia en alternate history.
Une autre discipline serait l’alternative history, qui fait partie de l’historiographie, et donc, de la discipline histoire. Dans cette catégorie, le révisionnisme historique (qui ne concerne pas seulement l’Holocauste, mais toute tentative de faire de l’histoire contre le mainstream).
D’autres termes pour l’uchronie seraient virtual history ou contrafactual history. Ca revient au même, mais ça multiplie les catégories :( . En fait il y a une nuance à chaque fois, ou un accent porté sur une facette. Mais ça revient au même.

Ce qui est différent, c’est les mondes parallèles. Les mondes parallèles ont un gros truc en plus : le fantastique. L’uchronie est une discipline historique, ou plutôt historicienne, un truc qui peut être assez cheap et mal foutu, mais enfin, ç’a la prétention d’être historique, et seulement ça. Les mondes parallèles et les voyages dans le temps, que ce soient ceux de Sliders, de Dr Who, ou même de Stargate (à la riiiiiigueur...) ont un truc en plus : on peut voyager dans le temps. Et ça peut être très historique, très bien reconstitué : mais il y a une théorie en plus, et cette théorie n’est pas négligeable, qui est que l’Histoire continue en parallèle, c’est-à-dire que toutes les uchronies sont conservées en même temps, et qu’on peut accéder de l’une à l’autre. Ca c’est du fantastique, ou de la science-fiction. Ca peut même être de la hard fiction avec des références à la dimension courbe du temps : m’en fous, c’est pas vraiment de l’uchronie au sens où je l’entend.
A côté des séries télé que je viens de citer, et qui sont plutôt connues, le meilleur exemple que je connaisse de ce genre d’uchronie fantastique, c’est les Soldats de la Mer d’Yves & Ada Rémy. Une Europe Napoléonienne truffée de bêtes et d’événements bizarres mais discrets. Ce que je trouve de bien à ce recueil de nouvelles, c’est que le monde est inventé, mais on y réussit à trouver étranges les choses étranges qu'il s’y passe ; c’est-à-dire que dans un univers qui n’est pas le nôtre, les choses fantastiques nous semblent fantastiques. Bien sûr, je suis le bouquin jusqu’à ce qu’on arrive aux sirènes et que tout le fantastique devienne normal :( j’ai jamais aimé les sirènes de toute manière.

måndag, april 24, 2006

Ublogie

C’a démarré d’une remarque que m’a faite le Gidion à propos de ce que je racontais : que j’écrivais des textes en rapport avec les parties de jeux historiques qu’il m’arrive de jouer. Et puis, en dépoussiérant des textes d’il y a longtemps, je suis un peu retourné dans toute ce bordel d’uchronie, ou histoire alternative.
Le principe de base de l’uchronie, je l’ai déjà dit quelque part, c’est de choisir un ‘point de divergence historique’ à un moment donné, et de continuer, à partir de cette divergence, l’histoire telle qu’elle aurait pu être. D’ailleurs, les anglophones l’appellent couramment le « what if », ce qu’on traduit par « et si ». Points de divergence célèbres : hitler gagne la Deuxième Guerre Mondiale, le Sud gagne la Guerre de Sécession, les coalisés ne menacent pas Napoléon et il débarque en Angleterre en 1805, pour les plus grandes franges ; mais chaque petit événement peut être prétexte à un point de divergence : Anne de Bretagne se marie à Maximilien d’Autriche et la Bretagne n’est pas rattachée à la France en 1532 ; Mary Tudor ne cherche pas à rétablir le catholicisme romain en Angleterre ; Charles de Gaulle est tué au Petit-Clamart ; ou encore, le truc de Moïse foire et la Mer Rouge se referme sur lui... (bon, oubliez le dernier)

Je considère que ç’a du bon. Ca fait réfléchir, d’une. Historiquement. Le but de l’exercice est quand même de rester plausible. Bien sûr, il y a parfois un charme à devenir complètement pas crédible sur un point pour mieux affirmer sa démonstration (l’Empire du Liechtenstein conquiert enfin la Mongolie Intérieure en 1504... et ben les Mongols ils parleraient allemand en langue natale en 1950).
Je considère que ce type d’exercice a un intérêt pour la compétence en histoire ; bien que je fronce les sourcils quand Jipé Poussou lance un paragraphe en cours sur « et si ce [sacré putain de] Montcalm s’était pas précipité sur les Plaines d’Abraham ??!? » (...le Québec serait peut-être encore français...). Je considère que ç’a un intérêt pasque je considère qu’on ne maîtrise une discipline que quand et si on est capable de la manipuler dans des voies qu’elle n’avait pas prises avant ; on ne devient chef que quand on invente une recette. Au-delà du simple côté ‘chef-d’oeuvre’ (c’est-à-dire qu’inventer une histoire alternative plausible prouverait qu’on est un bon historien) auquel je ne crois pas du tout, je trouve intéressant et formateur de manipuler les faits historiques irréels pour se familiariser, confronter, ou simplement réfléchir sur des faits historiques bien réels.
En plus, la théorie d’étude de ‘scénarii’ est communément pratiquée dans l’étude des relations internationales, de la géopolitique, de la science politique et de la stratégie. Qu’on se rappelle que ce qu’on appelle les wargames aujourd’hui, et qui sont un jeu de société, provient du Kriegspiel des généraux allemands de la deuxième moitié du XIXè et de la première du XXè siècles.

C’est d’ailleurs, dans une autre catégorie, ce que faisait J.R.R. Tolkien avec le langage de ses Elfes et des autres peuples des Terres du Milieu. C’était un éminent philologue à Oxford, et il avait conçu ses familles de langages, les structures, les étymologies, les lexiques, toute la linguistique comme un vast’exercice, un ‘grandeur nature’, une ‘manoeuvre’.

Voiiiiiiiiilà.

Blogstalgie quand tu nous tiens...

Je dépoussière mes vieux enfants, et vlà sur quoi je peux tomber : un extrait de l'Histoire N°5.
Le narrateur est un policier, il voyage avec Mademoiselle Hatsfend, et là il est pris dans une bataille (genre Première Guerre Mondiale) au milieu d'un régiment d'Orcs (sisisi).
C'était un des temps où j'essayais de faire du Frédéric Dard.
Et en fait je l'aime bien, st'extrait. Non que le Dard soit vraiment fidèle, ou vraiment convaincant. Mais y'a des images que j'aime encore. Mon favori ? "gueule à l'envers".


"
J’ai jamais vu le feu. Oh ! on vous dira que la rue, ça craint des masses, par moments, et que ça défouraille sec dans les michetons… Mais c’est pas vraiment le feu, ça. J’ai été pris au milieu de pas mal de pétarades dans ma carrière, la moindre c’était pas quand Lukas le Superbe nous a démoli notre commissariat sur le coin de la figure, et je peux pas dire que ça m’a préparé à la guerre. Oh ! si, quand même… je pense que je suis mieux préparé que Melle Hastfend, par exemple, et Melle Hatsfend est mieux préparée que tout un chacun…
Mais ça ! Mais ça, les gars ! Non seulement y’a du bruit à vous casser la citrouille, partout, et tout le temps, à croire qu’il y a que ça à faire, du bruit ; non seulement y’a des balles qui pleuvent à droite et à gauche, que ça en devient une habitude de voir des ricochets et des explosions autour de ses arpions ; non seulement le gars que vous avez regardé droit dans les yeux, là, y’a pas une heure, est étalé devant vous les tripes à l’air et la gueule à l’envers ; mais en plus, y’a cette volonté, ce truc, cette atmosphère d’apocalypse (et les gens savants qui parlent du Cataclysme devraient venir jeter un coup d’œil ici voir à quoi ça ressemble) et de destruction débile, vraiment débile, y’a ce truc de se dire, à un moment donné : purée, le monde a perdu son bon sens, le rafiot part à vau-l’eau, et tous les moussaillons avec.
Alors voilà, je me suis retrouvé, moi aussi, à gesticuler en défouraillant à vue de nez vers ce qui doit être la ligne ennemie. J’ai bataillé ferme contre des mottes de terres, des crevasses traîtres, de la pelouse qui monte jusqu’au genou, des broussailles qu’on voit qu’au dernier moment et qui chopent le futal avec toutes leurs griffes, des flaques de gadoue glissantes et salopes. Et j’ai gagné. Je suis arrivé jusqu’aux tranchées, un morceau de trou que j’aurais pas remarqué si on m’avait pas dit : « tiens ! les couillons se planquent là-bas, c’est notre terminus ». Au terminus, j’ai vidé un chargeur pour la forme, et quand je déplaçais mon bras, comme ça, en réponse y’avait des gens qui hurlaient, des caves qui se jetaient en arrière, des pauvres bougres qui roulaient dans la poussière. Et j’étais tellement parti, tellement abruti, que je me suis rendu compte de rien. C’est comme si j’avais pioncé, ou que j’avais baisé une bûcheronne pendant quarante heures d’affilée : je me suis retrouvé vautré par terre, la tête entre les genoux, et les Orcs qui chantaient autour de moi, les cons, comme si c’était malin de s’être mis sur la gueule pour un trou dans la pelouse. J’ai dû dégobiller un coup, je sais plus trop. Et puis je me suis relevé, je me suis torché la gueule avec la manche, et j’ai été boire un coup. C’est comme ça. C’est la guéguerre.
"

Hemoblogine

Une petite relecture du recueil Haïbun que j’avais écrit, et qui peut ressembler à un haïbun.
Beaucoup de morceaux, beaucoup de douleur, et c’est moi qui tombait en morceaux dans la douleur. Les morceaux sont encore là où on les a laissés, la douleur s’est changé en âge, en fatigue, en raideur, et s’amollit quelque fois à la chaleur pour venir me faire grogner de temps en temps.
Voilà, ç’a quatre ans d’âge bientôt, disons trois & demi pour le moment. Un enfant à moi, de trois ans & demi.




Tu me crois ou pas, ça c’est toi qui vois,
Je ne suis plus personne pour te parler de moi,
Je ne suis plus assez pour me passer de toi,
J’ai la confiance qui flanche et j’ai un rhume de foi,
Ce que je dis je le mâche depuis plus d’un mois,
Et c’est en vomissant que je le dis ce soir.

Les enfants ont couru dans mes jambes.

J’ai besoin de ton amour pour aimer les enfants
J’ai besoin de ta douceur pour caresser leurs cheveux,
J’ai besoin de tes lèvres sur les miennes pour les poser sur eux
J’ai besoin de vivre avec toi ici et maintenant.

Mon cœur se bloque, mon cœur se bloque.

Ce qui m’empêche de partir c’est que j’ai envie de rester,
Ce qui m’empêche de mourir c’est la vie et l’été,
Ce que je suis c’est toi qui me l’a fait aimer,
Ce que je suis j’ai peur de me le sacrifier.

Je t’aime à m’en fracasser.

Tout à l’heure, Dieu me pardonne, Dieu et mon cœur,
Je me suis trompé et j’ai eu très peur,
Très peur de moi et je me suis maudit,
Maudit un peu mais je suis désolé,
Désolé, désolé, je suis désolé moi aussi,
Au lieu de dire : “je lui ai tout donné”
J’ai dit : “elle m’a tout pris”.

J’ai mal de la sagesse que je t’avais donnée :
Chaque bonheur est un instant de répit
Avant le prochain malheur,
Chaque malheur est un délai pour souffler
Avant le prochain bonheur,
C’est dur mais je crois que c’est ainsi,
C’est ainsi mais c’est dur je crois,
Avec la joie vient la douleur,
Et avec la douleur vient la joie.

torsdag, april 20, 2006

Trois-cent-soixante-quatre blogs plus tard

20 avril...

Wikipedia vous informe sur sa page d’accueil que c’est le jour où Pasteur & Claude Bernard testent la pasteurisation pour la première fois (1862), qu’Oliver Cromwell dissout le Parlement Croupion (1653) en Angleterre, et que Eric Harris et Dylan Kebold massacrent 13 lycéens de leur établissement dans la ville de Columbine (1999), ce qui sera le point de départ du documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore (2002).

Bien évidemment, ce qu’on ne dit pas en page d’accueil, c’est que c’est aussi la date de naissance d’adolf hitler... J’ai toujours été négativement impressionné d’avoir la même date de naissance qu’adolf hitler...

Un peu moche, d’ailleurs, que les Gentils (Pasteur & Bernard, pour ceux qui hésitent) laissent le pas aux Méchants (Cromwell, que j’ai toujours considéré comme un méchant, quoi que je sois historien ; Harris & Kebold ; hitler).

De la pasteurisation, je vais pas parler.

Cromwell & le Croupion sont un peu plus amusants, j’ai étudié ça avec Etienne Broglin, alors...
Le Parlement Croupion (Rump Parliament) était le Parlement du Commonwealth d’Angleterre, qui succédait à la monarchie en 1649. Eh oui, la monarchie anglaise ne remonte pas si loin que ça, elle a été abolie dès le 17ème siècle. Le Commonwealth d’Angleterre, plutôt républicain et essayant de modéré une société déchirée par les factions religieuses, ne dure que jusqu’à ce qu’Oliver Cromwell, homme fort, généralissime, se désigne Lord Protecteur (dictateur) en 1653.

Les deux types de Columbine, dont j’ai eu l’occasion d’avoir une version (une reconstitution, en fait) à la télé en Jamèque, étaient l’un psychopathe, l’autre dépressif, selon le rapport du FBI. Commode pour dédouaner le peuple américain dans son ensemble, que Michael Moore, espèce de grosse brute du journalisme MacDo, essayait de mouiller (type “vot’ société c’est que dla daube !”... puis “eh mais tiens, pourquoi j’ai une carte d’adhérent de la NRA moi ?”). Vers quel sein se tourner ?

Quant à hitler, vous comprendrez bien qu'il n'y a plus rien à dire sur lui qui ne soitsujet à caution, à débat, ou même à l'obscenité... Mais j'ai quand même une remarque à faire. Je me suis rendu compte en Jamaïque qu'on garde hitler gravé dans sa mémoire, comme l'antéchrist par excellence. Pourquoi hitler plus qu'un autre, je me demande... Il doit y avoir eu des Jamaïcains dans les troupes britanniques, mais c'est pas ce côté-là que les Jamaïcains retiennent. Non, c'est l'Holocauste, et sa haine des Noirs... Je ne sais pas quoi en dire de plus sans que ça devienne polémique, et le temps n'est pas à la polémique, mais... Pourquoi eux, et pourquoi lui ? Il est moralement légitime de lui reprocher ses actions, mais la culture populaire ne prend la morale que comme point de départ. Quesqui a pu graver hitler dans l'inconscient jamaïcain ? J'ai toujours cru que la sensibilité américaine au néo-nazisme provenait du fait qu'hitler avait été spécialement loin d'eux (des non-combattants).
Avec ça, j'ai une autre remarque. J'ai plusieurs fois entendu des Jamaïcains me dire qu'ils n'aimaient pas les Allemands, ou qu'ils avaient un mauvais a priori contre les Allemands, à cause d'hitler. C'est une idée qui n'en finit pas de me révolter. Qu'on puisse reprocher à un peuple l'oeuvre d'un homme. Les discussions au sujet de la 'culpabilité', de la 'responsabilité', du peuple allemand dans son ensemble sont de loin les plus nombreuses au sujet de l'hitlérisme. Maintenant, s'il vous plaît, ne reprochez pas aux Allemands cette période. C'est totalement déconnecté, et je dirais, médiéval, de penser comme ça. Et à ceux qui ignoraient encore, hitler n'était pas Allemand au sens où on l'entend aujourd'hui, ce qui prouve bien la connerie de cet argument.



Mais mais mais... Je gardais pour la fin le vrai de vrai truc important du jour... Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Florence ! Bonanniversaire Florence !! Allez, les enfants, chantez tous avec moi :
Joyaux ah, ni versaire,
Neveux les plus seins serrent...

måndag, april 17, 2006

Chroblog de Narnia

J’ai vu le Monde de Narnia : Episode Un, pour me faire une idée... l’idée est faite. Trop... hmmm... simple. Trop bidon. Je suppose que ça va pour les enfants. Mais attendez... y’a quand même un petit peu à réfléchir, enfin, moi ça me fait réfléchir...

D’abord, mon frère m’avait dit que dans Famille Chrétienne (déconnez pas st’un fort tirage), ils disaient qu’il y avait comme un parfum d’évangile... Tu m’étonnes, si tu le chopes pas c’est que t’es aveugle & sourd (et anosmique, pour le parfum). Evidemment, le gentil prince Machin se sacrifie à « la magie de Narnia » (dont on a entendu plus tôt qu’elle « gouverne aux destinées ») pour sauver la vie du traître, mais puisqu’il est lui-même pur de toute traîtrise, il est ressuscité... Je vois pas pourquoi ils ont pas ajouté « le troisième jour », pour faire bonne mesure. Et puis après il ressuscite tous les gens statufiés (non non, pas en statues de sel, mais vous pouvez dire “de sel” si vous voulez) en soufflant dessus... Oui, en soufflant, (où que j’ai mis mes sabots ? ... ah ! ils sont là : ) avec son souffle...
Avec ça, soyez gentils avec vos frères (vous comprenez l’allusion comme vous voulez) et ils vous le rendront ; et on a même une figure mariale, sisisi, la ptite gamine avec sa cannette magique qui pisse de la Guiness Régénératrice (ou presque). Lève-toi & marche, croyez pas ?

Là où ça devient assez marrant (et passionnant), c’est quand ce pédophile de Mr Tumnus qu’on avait point vu depuis Shakespeare pose sa main sur la main de la ptite. Non, le fait qu’il soit pédophile n’est pas le passionnant, mais plutôt que le faune soit du côté de la figure mariale... Oué, le faune... savez, le type aux oreilles, nez & pattounes de bouc, comme sur les photo-montages médiévaux représentant ce bon vieux Sheitan. Bien sûr, il n’est pas seul, il a une tripotée de potes à lui, cornus comme lui, qui « dansaient avec les nymphes » quand l’hiver n’était pas commencé (dans la mythologie romaine, on appelle ça une orgie), et quand c’est pas des faunes (autre nom : satyres... ça fait totalement chrétien, ça, hein ?), c’est des centaures, pas mieux lotis dans l’imagerie bigote...

Bien sûr, je ne vais pas jusqu’à dire, avec ce bon vieux David Sorensen par exemple, que le bouquin est un vibrant appel à retourner aux cultes païens, non, du tout.
Je me donne l’impression d’avoir une vision plus large & profonde en découvrant encore & encore les diverses facettes de la mythologie, revisitée âge après âge, « réactualisée » dirait ce bon vieux Pr Pfirsch (euuh... d’ailleurs c’est un chrétien assez convaincu lui-même...).
Donc, aujourd’hui, la mythologie actuelle, car c’est une mythologie, un bouquet d’images & de sentiments que la communauté dans son ensemble se représente au sujet d'au-delà du réel, la mythologie actuelle donc associe les faunes & centaures, premièrement, à la nature, ce qui a toujours été le cas, et, au travers de la lecture disons franciscaine de la nature, au Bien. Aux Gentils. Bien sûr, du côté des Méchants, l’hiver, qui est la non-Nature dans la représentation chrétienne (représentation qui vient du Sud, hein, de la Méditerranée plutôt que de la Baltique).

Bien sûr, même travail avec les animaux, qui représentent (assez curieusement, d’ailleurs) l’essentiel des troupes des deux armées.
La dichotomie été/hiver prend là un tour assez... bizarre. Enfin, bizarre pour moi. Ce n’est plus la Méditerranée qui est le pôle du Bien associé au soleil, au chaud ; ce pôle est repoussée en Afrique : les troupes animales bienveillantes les plus en vues dans la bataille finale sont les léopards et le rhinocéros. Pas de connotations pour ces deux animaux dans la mythologie gréco-romaine à ma connaissance, non que je sois super calé ; par contre j’aurais eu comme souvenir que les léopards avaient mauvaise réputation chez les Hébreux. C’est donc un truc rajouté entre la vulgarisation des animaux d’Afrique (genre le Dix-neuvième, quoi) et C S Lewis (né 1898, mort 1963), cette dimension divine des savanes. Les autres animaux du Bon Côté (copyright) sont les castors, les blaireaux, et les souris (?), que je lie aux romans anglais des Dix-neuvième & Vingtième, qui opposent les animaux industrieux aux prédateurs (profiteurs qui ne travaillent pas la terre).
Je mets de côté le lion, le prince Machin. Tout simplement pasque ce serait tentant de dire que c’est l’archétype de l’animal des savanes africaines, le roi de la brousse ; l’embêtant c’est que c’est aussi un animal emblématique dans toute la Bible, que ce soit du côté du Mal, ou enfin pas vraiment, mais de l’oppresseur (cf. les Psaumes), et de la nature impitoyable qui ne pardonne pas ; mais plus généralement du côté du Bien, le meilleur exemple étant que c’est l’animal symbolique de la royauté de David (le Lion de Juda & Lion de Saint Marc Evangéliste). Donc impossible de dire d’où ça vient que le lion est du côté des gentils.

Maintenant, du côté des Méchants...
Avant les animaux, petit laïus : bien sûr, les Ogres, les Géants (les deux dadets qui se bousculent quand l’armée de la reine s’avance), et le nain (l’âme damnée de la madame) viennent tout droit de la mythologie germanique (le nain chez les Romains est plutôt bonnard). Ils occupent la même place dans ces légendes, avec une petite nuance pour les nains, qui ne sont pas forcément tout à fait méchants, mais en tout cas ils aiment po les humains :^( . Les minotaures, euh, sont la contrepartie des centaures, de grec à grec on se comprend ; ils sont bien entendus maléfiques. Aïe oui mais dans la mythologie grecque, le Minotaure n’est pas spécialement maléfique : il est juste bête & méchant. Hmmm... et l’image du taureau ? C’est un animal de sacrifice dans la tradition hébraïque & égyptienne, assez révéré, et un symbole très apprécié de la culture médiévale (il tient une bonne place dans les cahiers héraldiques ; par exemple, l’auroch de Moldavie) ; en plus d’être le symbole de Saint Luc Evangéliste... Le hic c’est que, aujourd’hui, dans la mythologie, les minotaures sont maléfiques, point barre.
Maintenant les animaux. Et là, c’est le joyeux mélange : les loups tiennent une bonne place, c’est la Gestapo locale (on ne les voit pas combattre). C’est tout à fait consistant avec la symbolique médiévale qui aimait pas les loups du tout, mais alors du tout du tout ; à tort bien sûr, vu que les loups n’attaquent que rarement les humains (on le répète encore & encore, et pourtant y’a toujours la symbolique... un bon exemple de la résistance des symboles aux réalités de ce monde-ci). Les germaniques le voyaient en symbole de l’hiver, ce qui est pas bien mauvais chez eux, mais ça va dans le sens de C S Lewis. Pourtant, l’image est assez flatteuse, en un sens : les loups sont des pisteurs experts de la reine, et ne montrent pas la bêtise ou la brutalité des autres animaux : ils sont juste vicieux. Mais... matures. Intéressants.
Animal suivant, les vautours. Ouimais les vautours étaient pas bien connus des gréco-latins, des Hébreux, des médiévaux... Les Egyptiens les voyaient comme de bons parents, symboles de l’affection familiale, symbole qu’on retrouve en Afrique du Sud. Voilà donc un symbole ajouté bien après, cf. les vautours dans la symbolique des studios Disney (Robin des Bois, c’est en 1973). On pourrait dire suivant cette dernière piste (la symbolique de l’animation Disney est Deep South) que ça vient de l’imagerie du Grand Ouest ; sauf que Lewis est bien britannique, lui. L’image du charognard a pris le pas sur l’image de la mère (et donc du souverain).
Ensuite, les sangliers. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais les sangliers ont pris un mauvais tournant un jour, et maintenant ils sont toujours du mauvais côté... Les sangliers sont pas très maléfiques, just’un peu chatouilleux... Bête de chasse par excellence, le sanglier a sombré du côté obscur depuis, avec sauvagerie & brutalité à la clef. A noter que les orcs de l’ancienne imagerie Dungeons & Dragons sont des hybrides humains-sangliers (et plus nettement que dit dans cet article).

Voilà, pour l’instant ça suffira.

Un petit mot sur Lewis : Narnia n’est pas son écrit le plus fameux, mais plutôt la trilogie Le Silence de la Terre/Voyage à Venus/Cette Hideuse Puissance ; symbolique chrétienne antiscientifique.
Cependant, côté fantasy, on peut signaler quand même qu’il était membre des Inklings, le cercle littéraire de J R R Tolkien à Oxford.

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söndag, april 16, 2006

Blogage du compteur

Bon, dans combien de temps c’est mon anniversaire ? Quatre jours. Enfin, cinq ce matin, c’était. Et ça fera quoi ? Ca fera vingt-... Euuh... Non non non, même pas.

Foutre ce que je me sens vieux d’un coup... Sur le quai, dernier RER B, je me suis rendu compte que je suis plus vieux que la plupart des groupes de jeunes. Lisez moi ça encore un coup : je suis plus vieux que les groupes de jeunes.
C’est pas que ça, notez, ça date de longtemps que je me sens vieux ou quoi. Mais là ça devient critique, pasque ces dernières années, en nouveauté, j’avais un serrement quelques jours après mon anniversaire, en me disant « tain, un an de plus » ; mais cette année... c’est quelques jours avant...

Et je me sens vieux pasque ça fait bien cinq ans que je suis toujours là à attendre le dernier RER, ‘comme au premier jour’ je pourrais dire, et j’ai pas l’impression d’avoir tellement avancé entre les deux. Pourtant oui, oui, j’ai fait un tripotée de bidules ces cinq ans, et même si j’ai la certitude d’avoir perdu plusieurs années au milieu, perdues plouf dans l’eau noire & sombre et le kraken s’amène et gloump ! avalées, les années ; mais n’empêche, pas avancé des masses non plus.
Je me sens vieux pasque Ricou était couché avant minuit alors qu’on est samedi, et que ouais, on se dirige lentement vers le temps où il faut être raisonnable pasqu’on a des trucs à faire dans la journée, mainant.
Je me sens vieux pasque je regarde les ptiots qui parlent et dingue ce que ça me semble... vécu, mâchonné, déjà vu, rien de nouveau, rachète-toi une gueule, ta copine elle a quinze ans ah mais non les pustules ont crevé.
Je me sens vieux pasqu’à Kingston dans les plus jeunes que je fréquentais, Michelle avait 28 ans et Andrew 27 ; Maxine plus de 30, Cindy plus de 30... Et que je les voyais ‘à mon étage’, vous savez, avec ce réflexe qu’ont les humains de se classer par tranche d’âge et de se positionner dans un groupe social avec des étiquettes ‘plus vieux’, ‘plus jeune’, ‘même âge’ (c’est d’ailleurs à cause de ces étiquettes que je voyais les soeurs aînées de Juliette & d’Aurélie plus âgées que moi, alors qu’elles avaient exactement mon âge, juste pasque j’avais collé l’étiquette ‘mon âge’ sur Juliette & Aurélie, qui étaient plus jeunes que moi).

Et j’ai tellement peur de vieillir trop vite qu’il faudrait pas non plus que je reste trop jeune, que j’arrive pas à entrer dans l’âge d’après juste pasque bon...

Rah c’est difficile de vieillir. Faut faire ça bien.

fredag, april 14, 2006

Elizablogtown

mon nouveau film moelleux & épicé s’appelle Elizabethtown, avec Orlando Bloom & Kirsten Dunst (et quelques autres).
Il y a quelque chose dans ce film qui me fait penser à moi &... une des moitiés qui m’ont été offertes un jour, pour s’envoler délicatement, just'un peu plus tard, battement d’aile après battement d’aile, en souriant coquettement, un sourire plein de joues et d’excuses réchauffant un moment autrement foutrement meurtrier.
...
...Bon, plus la moitié que moi, plus moi et cette moitié que cette moitié et moi, plus elle que lui, plus lui et elle qu’elle et lui ; cette phrase est compréhensible faut juste prendre un peu de temps...

Un peu de temps... Un peu de temps & s’arrêter et écouter le son de... de... de, vous savez, ce machin qui ne fait pas tellement de bruit, qui se glisse entre un battement de coeur doum dans le coffre et le fin plic intime d’un peu de salive à la commissure de ses propres lèvres, au moment précis où elles s’écartent timidement ; pasqu’on va sourire, on sourit déjà presque, on sourit, là, on sourit vraiment.
Là. Ce son-là. Ce moment-là. Le son d’un frou-frou d’aile de chauve-souris, quand c’est l’été, l’été dans un pays où l’on a jamais été. Ce machin c’est un engrenage de notre roue à nous, et l’engrenage cliquète, et on s’entend vivre.

Et puis, et puis...

Et puis les choses à expliquer avec des grands gestes de bras et des yeux contrariés, à la fin, pasqu’on a pas trouvé les mots. Ca me fait penser à ça. Ca me fait penser à... ce sentiment incontrariable, incontestable, indéboulonnable où je me suis rendu compte que le croissant de Lune est pas couché dans le même sens ici & là-bas, et j’avais envie de le dire, mais non, la nuit kingstonienne est vide, et seulement les Staffies pour le savoir.
Cette foule de glaçons qu’on retrouve dans sa bouche, sans pouvoir les cracher, avec des grands mouvements de mâchoires pour éloigner le froid de son palais ; mais le palais, invariablement, se fait prendre dans le froid.
Ces films-là qui me cousent la couenne à la vie, collée, au plus près, et c’est après seulement que je regarde ailleurs.

Sing to me all the plans that you have for me over again... & always say always do remember i wasn’t the one meant to tell no. The plans... the plans... the plans...
What were the plans you had for me again ?

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